Pour mettre un terme au suspense et peut-être apaiser les ardeurs des esprits en quête de controverse, la réponse à la question posée dans le titre de cet article est claire : non, absolument pas. Il est peu probable que nous assistions, cette année ou dans un avenir proche, à un affrontement entre Claressa Shields, femme de 77 kg, et Jake Paul, homme de 90 kg. Cette révélation ne devrait ni surprendre ni décevoir. En réalité, toute allusion à un tel combat, qu’elle provienne de Shields ou d’autres, semble être rien de plus qu’une tentative d’attirer l’attention dans un marché où celle-ci est devenue rare, noyée parmi les nombreuses offres.

Le titre de cet article, rédigé au début de janvier, fait écho à cette même dynamique. La seule différence ici est que l’illusion est rapidement dévoilée dès la première phrase, révélant que l’article n’a pas pour but de susciter un débat, mais plutôt de capter l’attention de façon cynique en ce début d’année. En effet, après une année 2024 marquée par des combats accrocheurs mais rarement demandés, le monde de la boxe semble désormais suivre une logique où le divertissement prime, même si cela signifie proposer des affrontements que les gens affirment ne pas vouloir.

Il est donc évident que la mention d’un match entre Shields et Paul s’inscrit dans la lignée de nombreux combats spectaculaires de l’année passée. Trois ans auparavant, Shields avait déjà défié Paul à un combat d’entraînement rémunéré à 100 000 dollars, suscitant moqueries et rires. Deux ans plus tard, elle avait envisagé la possibilité d’un vrai match, et l’année dernière, un certain intérêt avait commencé à se manifester alors que les fans étaient fatigués de voir Paul se battre uniquement contre des adversaires non boxeurs. Aujourd’hui, avec tout ce que nous avons observé ces derniers mois, l’idée d’une confrontation entre Shields et Paul semble moins farfelue qu’auparavant.

“I would beat him in a fight,” déclara récemment Shields dans une interview avec Overtime Boxing. “The biggest and strongest man don’t won all the fights. So what’s the difference here? I’ve been boxing for 18 years. He’s got a penis, I’ve got a vagina, I get it. But what about the skills that I have? That doesn’t matter because I’m a woman? He’s got to break me down, he’s got to be able to hit me; I’ve got to be able to break him down, I’ve got to be able to hit him. There are certain things that I can do that he doesn’t even know yet.”

Shields a raison sur ce dernier point. Il ne fait aucun doute que l’on peut clairement distinguer celui qui a été fait pour être dans le ring et celui qui y évolue pour une rémunération conséquente. Cependant, la question de la différence de poids – 77 kg pour la femme, contre 90 kg pour l’homme – reste centrale et impose ses limites, compliquant toute analyse de ce duel.

Il est pertinent de s’interroger sur ce qui rend maintenant le combat entre Shields et Paul moins absurde comparé à un an auparavant. En réalité, tout nouvel intérêt ou crédibilité accordé à cet affrontement n’est pas le fruit d’une égalité de droits, ni d’une égalité de force physique entre les hommes et les femmes. Cela tient plutôt à une évolution de l’imaginaire collectif qui, dans le monde de la boxe, a appris à accepter des spectacles que nous n’aurions jamais cru voir, transformant ainsi l’absurde en norme. On pourrait presque s’attendre à ce qu’en 2025, nous observions un affrontement qui soulevât des questions sur la moralité du sport, tout en nous interrogeant sur notre propre engagement vis-à-vis de tels spectacles.

Si ça se vend, ça a du sens, nous dit-on. La recette consiste à entrer par la porte de derrière si la principale est fermée. Ce fut un peu le message transmis par la boxe en 2024, où une multitude de personnages improbables ont fait leur apparition. L’année dernière, nous avons vu un Mike Tyson de 58 ans renouer avec les rings pour affronter Jake Paul, tandis que Francis Ngannou, novice en boxe, a subi une défaite marquante face à Anthony Joshua, ancien champion du monde poids lourd, dans l’un des résultats les plus vécus de 2024. Ainsi, la scène de boxe semble prête à accueillir des événements qui se rapprochent de plus en plus des spectacles de gladiateurs dans l’Antiquité, où hommes et animaux combattaient dans l’arène pour le plaisir d’un public en quête de sensations fortes.

Alors que 2025 se profile, sans règles apparentes et où l’engagement semble être la norme, la question se pose : jusqu’où la boxe peut-elle aller cette année ? Un affrontement hommes-femmes pourrait sembler excessif, mais dans un univers où ce qui est moral est souvent secondaire à ce qui rapporte, ce spectacle n’est pas aussi éloigné que l’on pourrait le penser. Nous avons vu, en pleine conscience, un Mike Tyson revenir sur le ring, sans qu’aucun d’entre nous ne juge nécessaire d’intervenir.

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