Sam Olij, boxeur néerlandais né le 5 octobre 1900 à Landsmeer et décédé le 4 août 1975 à Amsterdam, a marqué l’histoire de la boxe de son pays, mais aussi celle plus sombre de la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette biographie détaillée retrace le parcours complexe et controversé de cet athlète, de ses exploits sur le ring à ses actions condamnables durant l’Occupation.
Les débuts prometteurs d’un jeune boxeur talentueux
Né dans une famille modeste de la région d’Amsterdam, le jeune Sam Olij découvre très tôt sa passion pour la boxe. Doté d’un physique impressionnant pour son âge et d’une détermination sans faille, il commence à s’entraîner dès l’adolescence dans les salles de boxe de la capitale néerlandaise.
Une ascension fulgurante chez les amateurs
Dès ses premiers combats amateurs au début des années 1920, Sam Olij fait sensation. Sa puissance de frappe exceptionnelle et son style agressif lui permettent d’enchaîner les victoires. Il remporte plusieurs titres régionaux avant de s’imposer comme le meilleur poids lourd néerlandais.
Son palmarès amateur impressionnant comprend notamment :
- Champion des Pays-Bas poids lourds en 1924, 1925 et 1926
- Médaille d’or aux championnats d’Europe amateurs 1925 à Stockholm
- Finaliste du tournoi poids lourds des Jeux olympiques de 1928 à Amsterdam
La consécration olympique de 1928
Le point d’orgue de la carrière amateur de Sam Olij reste sa participation aux Jeux olympiques d’Amsterdam en 1928. Sélectionné pour représenter son pays dans la catégorie poids lourds, il est même désigné porte-drapeau de la délégation néerlandaise lors de la cérémonie d’ouverture, une immense fierté pour ce boxeur alors au sommet de sa forme.
Durant le tournoi olympique, Sam Olij fait forte impression :
Tour | Adversaire | Résultat |
---|---|---|
16e de finale | John Daly (Irlande) | Victoire par KO au 2e round |
8e de finale | Michael Michaelsen (Danemark) | Victoire aux points |
Quart de finale | Arturo Rodríguez (Argentine) | Défaite aux points |
Bien que Sam Olij soit éliminé en quart de finale par l’Argentin Arturo Rodríguez, futur médaillé d’or, sa performance aux Jeux olympiques lance définitivement sa carrière. Il devient une véritable icône du sport néerlandais, adulé par le public et courtisé par les promoteurs.
Une carrière professionnelle prometteuse mais écourtée
Fort de ses succès amateurs et de son aura olympique, Sam Olij passe professionnel dès la fin de l’année 1928. Son style spectaculaire et sa puissance de frappe en font rapidement l’une des attractions majeures de la boxe européenne.
Des débuts fracassants chez les pros
Pour son premier combat professionnel en décembre 1928, Sam Olij affronte le champion de Belgique des poids lourds, Frans Van Dessel. Devant une salle comble à Amsterdam, le Néerlandais ne fait qu’une bouchée de son adversaire, l’envoyant au tapis dès le premier round. Cette victoire expéditive lance parfaitement sa carrière et attire l’attention des plus grands promoteurs européens.
Au cours des deux années suivantes, Sam Olij enchaîne les succès, affrontant et battant plusieurs des meilleurs boxeurs du continent :
Date | Adversaire | Lieu | Résultat |
---|---|---|---|
15 mars 1929 | Jack Stanley (Angleterre) | Londres | Victoire par KO (Round 4) |
7 juin 1929 | Max Schmeling (Allemagne) | Berlin | Défaite aux points |
12 octobre 1929 | Primo Carnera (Italie) | Milan | Victoire par KO (Round 7) |
23 février 1930 | Georges Carpentier (France) | Paris | Nul |
L’apogée et la fin brutale
En 1930, Sam Olij est au sommet de sa carrière. Son palmarès impressionnant (15 victoires, 1 défaite, 1 nul) et son style spectaculaire en font l’un des boxeurs les plus populaires d’Europe. Il est même pressenti pour affronter le champion du monde en titre, l’Américain Max Baer.
Malheureusement, sa carrière connaît un coup d’arrêt brutal en novembre 1930. Lors d’un combat à Rotterdam contre le Britannique Phil Scott, Sam Olij subit une grave blessure à l’œil droit. Malgré plusieurs opérations, sa vision reste définitivement altérée, l’obligeant à mettre un terme prématuré à sa carrière de boxeur professionnel à seulement 30 ans.
Une reconversion comme entraîneur et promoteur
Forcé d’abandonner la compétition, Sam Olij ne quitte pas pour autant le monde de la boxe. Il met à profit son expérience et sa notoriété pour se reconvertir comme entraîneur et promoteur dans les années 1930.
La création d’une école de boxe réputée
Dès 1931, Sam Olij ouvre sa propre salle de boxe à Amsterdam. Son école attire rapidement de nombreux jeunes talents, séduits par la possibilité d’être formés par une légende nationale. Parmi ses élèves les plus prometteurs figure notamment le jeune Ben Bril, futur champion olympique en 1928.
La méthode d’entraînement de Sam Olij, basée sur la rigueur et la discipline, fait ses preuves. Plusieurs de ses protégés remportent des titres nationaux et internationaux au cours des années 1930, confirmant le statut d’Olij comme l’un des meilleurs formateurs du pays.
L’organisation de galas de boxe à succès
En parallèle de ses activités d’entraîneur, Sam Olij se lance dans l’organisation de galas de boxe. Grâce à son réseau de contacts dans le milieu et sa connaissance du public, il monte rapidement des événements populaires qui attirent les foules.
Ses soirées de boxe, organisées principalement à Amsterdam et Rotterdam, deviennent des rendez-vous incontournables pour les amateurs de noble art. Sam Olij y fait notamment combattre ses propres élèves, leur offrant une exposition médiatique précieuse.
Le tournant sombre : la collaboration pendant l’Occupation
La carrière de Sam Olij prend un virage radical et controversé avec l’invasion des Pays-Bas par l’Allemagne nazie en mai 1940. Alors que de nombreux sportifs néerlandais entrent en résistance, l’ancien champion choisit la voie de la collaboration.
L’adhésion au parti nazi néerlandais
Dès 1941, Sam Olij rejoint officiellement le Nationaal-Socialistische Beweging (NSB), le parti nazi néerlandais. Les raisons de ce choix restent aujourd’hui sujettes à débat : opportunisme, conviction idéologique ou pression des autorités d’occupation ?
Quoi qu’il en soit, cette décision marque un point de non-retour dans la vie de Sam Olij. Il devient rapidement un membre actif du NSB, participant à la propagande du régime et dénonçant publiquement les opposants à l’occupant.
Des actions condamnables pendant l’Occupation
Au-delà de son engagement politique, Sam Olij se rend coupable d’actes graves durant l’Occupation :
- Dénonciation de résistants et de Juifs aux autorités nazies
- Participation active aux rafles, notamment dans le milieu sportif
- Confiscation de biens appartenant à des Juifs déportés
L’un des épisodes les plus choquants concerne son ancien élève et partenaire d’entraînement, le boxeur juif Ben Bril. En 1942, Sam Olij participe personnellement à son arrestation et à celle de sa famille, qui seront déportés vers les camps de concentration (Ben Bril survivra miraculeusement, contrairement à sa femme et ses enfants).
Un rôle trouble dans le monde sportif occupé
Profitant de sa notoriété et de ses appuis au sein du régime nazi, Sam Olij s’impose comme une figure incontournable du sport néerlandais sous l’Occupation. Il obtient notamment le poste de directeur de la Fédération néerlandaise de boxe, qu’il met au service de l’idéologie nazie.
Sous sa direction, la boxe néerlandaise connaît une réorganisation profonde :
- Exclusion des athlètes et dirigeants juifs
- Promotion de boxeurs “aryens” conformes aux critères raciaux nazis
- Organisation de compétitions de propagande, notamment contre des équipes allemandes
Cette collaboration active avec l’occupant lui vaut les faveurs des autorités nazies, qui le récompensent par diverses distinctions et privilèges.
L’après-guerre : jugement, condamnation et controverses
La libération des Pays-Bas en 1945 marque la fin brutale de l’ascension de Sam Olij sous l’Occupation. Comme de nombreux collaborateurs, il est rapidement arrêté et jugé pour ses actes durant la guerre.
Un procès retentissant
Le procès de Sam Olij s’ouvre en 1946 devant un tribunal spécial chargé de juger les cas de collaboration. L’ancien champion, désormais âgé de 46 ans, doit répondre de multiples chefs d’accusation :
- Adhésion au parti nazi néerlandais (NSB)
- Participation à des rafles et dénonciations de Juifs
- Confiscation de biens appartenant à des déportés
- Propagande en faveur du régime nazi
Les témoignages accablants se succèdent à la barre, notamment celui de Ben Bril, revenu des camps et qui raconte comment son ancien mentor l’a personnellement livré aux nazis. Face à l’accumulation de preuves, Sam Olij adopte une stratégie de défense basée sur le déni et la minimisation de son rôle.
Une condamnation à mort commuée
Au terme d’un procès de plusieurs semaines qui passionne l’opinion publique néerlandaise, le verdict tombe : Sam Olij est reconnu coupable de l’ensemble des charges retenues contre lui. Le tribunal le condamne à la peine capitale, une sentence rare mais qui reflète la gravité des actes commis.
Cependant, après plusieurs mois de procédure en appel et grâce à l’intervention de personnalités influentes (dont certains anciens sportifs), la peine de Sam Olij est finalement commuée en prison à perpétuité. Cette décision suscite la controverse, de nombreux Néerlandais estimant qu’elle est trop clémente au vu des crimes commis.
Une libération anticipée qui fait polémique
Contre toute attente, Sam Olij ne passe que sept ans derrière les barreaux. En 1954, il bénéficie d’une libération anticipée pour bonne conduite, une décision qui provoque un tollé aux Pays-Bas. Les associations de victimes et d’anciens résistants dénoncent un traitement de faveur injustifiable.
Les raisons exactes de cette libération précoce restent floues. Certains évoquent des pressions politiques, d’autres des raisons médicales (Sam Olij aurait souffert de problèmes psychiatriques en prison). Quoi qu’il en soit, l’ancien champion sort de prison à l’âge de 54 ans, marqué physiquement et moralement par ses années de détention.