Alberto Davila, né le 10 août 1954 à Los Angeles en Californie, est un ancien boxeur professionnel américain d’origine mexicaine. Champion du monde des poids coqs WBC de 1983 à 1984, sa carrière s’est étendue sur près de deux décennies, des années 1970 aux années 1980. Reconnu pour sa technique et son intelligence sur le ring, Davila a marqué l’histoire de la boxe dans la catégorie des poids coqs.
Biographie et parcours
Origines et jeunesse
Né dans une famille d’origine mexicaine, Alberto Davila grandit à Pomona, en Californie. Il découvre la boxe à l’âge de 12 ans et s’entraîne quotidiennement dans une salle de boxe pendant six ans. Cette discipline précoce forgera les bases de sa future carrière professionnelle.
Davila est diplômé de la Pomona Garey High School, où il rencontre celle qui deviendra plus tard son épouse, Roberta. Leur mariage en 1975 donnera naissance à six enfants : trois garçons et trois filles.
Débuts professionnels
Alberto Davila fait ses débuts professionnels le 1er mars 1973, à l’âge de 18 ans. Il remporte son premier combat contre Carlos Villareal par décision en quatre rounds. Cette victoire marque le début d’une série impressionnante de 13 victoires consécutives.
Sa première défaite survient en juillet 1974 face à Cecil Escobido, par décision partagée. Malgré ce revers, Davila continue de progresser et affronte rapidement des boxeurs de premier plan dans la catégorie des poids coqs.
Ascension vers le titre mondial
Au fil des années, Alberto Davila se forge une solide réputation dans la division des poids coqs. En 1976, il bat le futur champion du monde Lupe Pintor par décision en 10 rounds, démontrant ainsi son potentiel pour les plus grands défis.
Cependant, sa route vers le titre mondial est semée d’embûches. En 1978, il subit sa première défaite par KO face au redoutable Wilfredo Gómez à Porto Rico. La même année, il échoue dans sa première tentative de conquérir le titre WBC des poids coqs face à Carlos Zarate, s’inclinant par KO.
Malgré ces revers, Davila persévère. Il obtient une nouvelle chance pour le titre WBA face à Jorge Luján au Louisiana Superdome, mais s’incline à nouveau par décision. En 1980, il affronte une seconde fois Lupe Pintor, devenu entre-temps champion WBC, mais perd par décision en 15 rounds.
Consécration et titre mondial
Après ces échecs successifs, Alberto Davila connaît une période difficile. Il se retire temporairement de la boxe et travaille comme livreur de bière. Cependant, sa passion pour le noble art le ramène sur le ring en 1982.
Le 1er septembre 1983 marque un tournant dans sa carrière. Alors que le titre WBC des poids coqs est vacant suite à l’accident de moto de Lupe Pintor, Davila affronte Kiko Bejines pour la ceinture intérimaire. Dans un combat acharné, il renverse la situation en sa faveur dans le 12e round, mettant KO son adversaire et remportant enfin le titre mondial tant convoité.
Malheureusement, cette victoire est ternie par le décès de Kiko Bejines des suites de ses blessures quelques jours après le combat. Cet événement tragique marquera profondément Alberto Davila.
Règne et fin de carrière
Alberto Davila défend avec succès son titre une fois face à Enrique Sanchez en 1984. Cependant, des problèmes de dos l’empêchent de défendre sa ceinture dans les délais imposés par la WBC, et il est déchu de son titre en mars 1985.
Il tente un retour au plus haut niveau en 1987, mais s’incline face à Miguel “Happy” Lora pour le titre WBC. Après quelques combats supplémentaires, dont une victoire pour le titre NABF des poids coqs, Davila raccroche définitivement les gants en 1988 suite à une nouvelle défaite contre Lora.
Style de boxe et caractéristiques
Un boxeur technique
Alberto Davila n’était pas réputé pour sa puissance de frappe, avec moins de la moitié de ses victoires obtenues par KO. En revanche, il excellait dans l’art de la boxe technique. Le journaliste Jim Murray du Los Angeles Times le décrivait comme un “boxeur de tableau”, soulignant sa capacité à combattre “avec son cerveau plutôt qu’avec son visage”.
Cette approche intelligente de la boxe trouve ses racines dans l’expérience de jeunesse de Davila. Durant ses années d’entraînement, il avait découvert qu’il pouvait éviter les coups si son adversaire attaquait en premier. Cette stratégie défensive, couplée à une excellente lecture du combat, est devenue sa marque de fabrique.
Un combattant rusé
Scott Ostler, autre chroniqueur du Los Angeles Times, résumait ainsi les qualités de Davila : “Il n’a rien de vendeur, sauf une chose. Il sait se battre.” Cette description met en lumière l’essence même du style de Davila : un boxeur peut-être peu spectaculaire au premier abord, mais redoutablement efficace sur le ring.
Sa capacité à analyser rapidement ses adversaires et à adapter sa stratégie en conséquence faisait de lui un adversaire coriace, même face à des boxeurs réputés plus puissants ou plus rapides.
L’identité latino
Bien que né aux États-Unis, Alberto Davila a toujours revendiqué ses racines mexicaines. Il a choisi de boxer sous le nom d'”Alberto” plutôt que son prénom de naissance “Albert”, dans le but de renforcer son lien avec la communauté latino et d’attirer son soutien.
Cette décision stratégique illustre la compréhension fine qu’avait Davila de l’importance de l’image et de l’identité dans le monde de la boxe professionnelle.
Palmarès et statistiques
Catégorie | Donnée |
---|---|
Nombre total de combats | 66 ou 67 (selon les sources) |
Victoires | 55 ou 56 |
Défaites | 10 |
Matchs nuls | 0 ou 1 |
Victoires par KO | 25 (environ) |
Titre mondial | Champion WBC des poids coqs (1983-1984) |
Défenses de titre | 1 (victoire contre Enrique Sanchez) |
Combats notables
Date | Adversaire | Résultat | Titre en jeu |
---|---|---|---|
1976 | Lupe Pintor | Victoire par décision (10 rounds) | – |
1978 | Wilfredo Gómez | Défaite par KO | – |
1978 | Carlos Zarate | Défaite par KO | Titre WBC des poids coqs |
1978 | Jorge Luján | Défaite par décision | Titre WBA des poids coqs |
1980 | Lupe Pintor | Défaite par décision (15 rounds) | Titre WBC des poids coqs |
1er septembre 1983 | Kiko Bejines | Victoire par KO (12e round) | Titre WBC intérimaire des poids coqs |
1984 | Enrique Sanchez | Victoire par TKO | Défense du titre WBC des poids coqs |
1987 | Miguel “Happy” Lora | Défaite par décision (12 rounds) | Titre WBC des poids coqs |
1988 | Gil Contreras | Victoire par décision unanime | Titre NABF des poids coqs |
1988 | Miguel “Happy” Lora | Défaite par décision (12 rounds) | Titre WBC des poids coqs |
Héritage et impact sur la boxe
Un champion résilient
La carrière d’Alberto Davila est un témoignage éloquent de persévérance et de résilience dans le monde impitoyable de la boxe professionnelle. Malgré plusieurs échecs dans ses tentatives pour le titre mondial, il n’a jamais abandonné son rêve. Sa détermination a finalement payé lorsqu’il a remporté le titre WBC des poids coqs en 1983, à l’âge relativement avancé de 29 ans pour un boxeur de sa catégorie.
Cette ténacité a inspiré de nombreux boxeurs, prouvant qu’avec du travail et de la persévérance, il est possible d’atteindre les sommets même après plusieurs revers.
Un style unique
Le style de boxe d’Alberto Davila, axé sur la technique et l’intelligence tactique plutôt que sur la puissance brute, a marqué son époque. Dans une ère où de nombreux boxeurs cherchaient le KO à tout prix, Davila a démontré l’efficacité d’une approche plus cérébrale du combat.
Son succès a contribué à valoriser l’aspect technique de la boxe et a inspiré une génération de boxeurs à développer leur intelligence de ring autant que leur condition physique.
Un ambassadeur de la communauté latino
En embrassant pleinement ses racines mexicaines tout au long de sa carrière, Alberto Davila est devenu une figure importante pour la communauté latino-américaine dans le monde de la boxe. Son parcours a ouvert la voie à de nombreux jeunes boxeurs issus de cette communauté, leur montrant qu’il était possible de réussir au plus haut niveau tout en restant fidèle à ses origines.
Reconnaissance posthume
L’impact durable d’Alberto Davila sur le monde de la boxe a été reconnu en 1997, lorsqu’il a été intronisé au World Boxing Hall of Fame. Cette distinction souligne non seulement ses accomplissements sur le ring, mais aussi son influence plus large sur le sport.
Vie après la boxe
Une brève carrière d’entraîneur
Après sa retraite en tant que boxeur professionnel, Alberto Davila s’est tourné vers l’entraînement. Cependant, cette nouvelle carrière a été de courte durée. En 1995, déçu par une décision controversée lors d’un combat de l’un de ses protégés, David Kamau, contre Julio César Chávez, Davila a décidé de quitter le monde de l’entraînement.
Cette expérience l’a profondément marqué, comme il l’expliquera plus tard : “Je me suis dit que je ne pouvais pas faire ça à un boxeur. Je ne peux pas le trahir, alors je suis parti.” Cette décision reflète l’intégrité et l’honnêteté qui ont caractérisé Davila tout au long de sa carrière.
Reconversion professionnelle
Après avoir quitté le monde de la boxe, Alberto Davila s’est reconverti dans un domaine totalement différent. Il a travaillé comme ouvrier à Irvine, en Californie, démontrant sa capacité à s’adapter et à embrasser une nouvelle vie loin des projecteurs du monde de la boxe.
Vie de famille
Alberto Davila a toujours accordé une grande importance à sa famille. Marié depuis 1975 à Roberta, qu’il avait rencontrée au lycée, il est père de six enfants. L’une de ses filles, Alyssa, s’est distinguée dans le soccer universitaire, remportant le championnat NCAA avec l’Université de Californie du Sud en 2007.
Cette réussite sportive de sa fille dans un domaine différent du sien illustre les valeurs de détermination et d’excellence que Davila a su transmettre à ses enfants.