Ray Mercer, surnommé “Merciless” (Sans Pitié), est une figure emblématique de la boxe américaine. Médaillé d’or olympique devenu champion du monde professionnel, sa carrière s’est étendue sur plus de deux décennies et a marqué l’histoire des poids lourds. Découvrez le parcours fascinant de ce boxeur hors du commun, des rings olympiques aux octogones du MMA.
Les débuts prometteurs de Ray Mercer
Une vocation tardive née dans l’armée
Contrairement à de nombreux boxeurs professionnels, Ray Mercer n’a pas débuté la boxe dès son plus jeune âge. C’est à 23 ans, alors qu’il est sergent dans l’armée américaine en Allemagne de l’Ouest, que Mercer enfile ses premiers gants. Cette découverte tardive ne l’empêchera pas de gravir rapidement les échelons et de s’imposer comme un boxeur redoutable.
Né le 4 avril 1961 à Jacksonville en Floride, Raymond Anthony Mercer grandit dans une famille militaire. Son père, Raymond Mercer Sr., est mécanicien dans l’armée. Le jeune Ray passe une partie de son enfance à Fort Benning en Géorgie, puis à Hanau en Allemagne de l’Ouest. Peu attiré par les sports d’équipe, il préfère les activités individuelles comme la pêche ou la chasse avec son père.
Après le lycée, Mercer s’engage dans l’armée américaine en 1982, suivant les traces paternelles. C’est lors de son service en Allemagne qu’il découvre la boxe, presque par hasard. Un jour d’hiver 1984, on lui propose d’éviter un exercice de terrain de 30 jours en servant de sparring-partner au champion poids lourd de la base. Malgré des débuts difficiles, Mercer persévère et se découvre une véritable passion pour ce sport.
Une ascension fulgurante dans les rangs amateurs
Ray Mercer progresse à une vitesse impressionnante dans le circuit de la boxe amateur militaire. En à peine un an, il remporte déjà le championnat USAREUR (United States Army Europe). Ses performances lui valent rapidement une place dans l’équipe de boxe de l’armée américaine.
Voici un aperçu de ses principaux titres amateurs :
Année | Titre |
---|---|
1985 | Champion poids lourd de l’armée américaine |
1985 | Champion poids lourd inter-services |
1986-1988 | Triple champion USAREUR |
1988 | Champion amateur poids lourd des États-Unis |
Sa progression fulgurante attire l’attention des entraîneurs nationaux. En 1988, Mercer se qualifie pour les Jeux Olympiques de Séoul en battant Tommy Morrison par décision partagée, dans un combat considéré comme bien plus difficile que ceux qu’il livrera aux JO.
La gloire olympique à Séoul en 1988
Un parcours sans faute jusqu’à la médaille d’or
Aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988, Ray Mercer réalise un parcours exceptionnel dans la catégorie des poids lourds (91 kg). À 27 ans, il est le doyen de l’équipe américaine de boxe, mais cela ne l’empêche pas de dominer la compétition de manière écrasante.
Mercer remporte ses quatre combats avant la limite, faisant preuve d’une puissance de frappe dévastatrice :
- En 16e de finale, il bat le Kényan Rudolf Gavern par KO au 2e round
- En 8e de finale, il s’impose face au Tchécoslovaque Rudolph Obsivac par arrêt de l’arbitre au 3e round
- En quart de finale, il domine le Hollandais Arnold Vanderlyde par arrêt de l’arbitre au 2e round
- En demi-finale, il vient à bout du Suédois Haakan Brock par KO au 1er round
La finale l’oppose au Sud-Coréen Baik Hyun-man devant son public. Mercer ne laisse aucune chance à son adversaire et s’impose par KO technique au 2e round, décrochant ainsi la médaille d’or olympique.
Un style de boxe spectaculaire et efficace
Lors de ces Jeux Olympiques, Ray Mercer impressionne les observateurs par son style de boxe agressif et puissant. Sa force de frappe exceptionnelle lui permet de terminer tous ses combats avant la limite. Même avec des gants de 16 onces, ses sparring-partners peinent à résister à ses assauts.
Son coéquipier Riddick Bowe, futur champion du monde professionnel, refuse même de s’entraîner avec lui tant ses coups sont redoutables. Le légendaire entraîneur Angelo Dundee voit en Mercer l’un des boxeurs olympiques américains les plus prometteurs pour une future carrière professionnelle.
Cette médaille d’or olympique est le point culminant de la carrière amateur de Ray Mercer. Elle lui ouvre les portes du professionnalisme et fait de lui l’un des espoirs les plus en vue de la boxe américaine à la fin des années 1980.
Les débuts fracassants chez les professionnels
Le passage au rang professionnel
Fort de son titre olympique, Ray Mercer quitte l’armée en janvier 1989 pour se lancer dans une carrière professionnelle. Il signe un contrat avec le célèbre promoteur Bob Arum, qui voit en lui un futur champion du monde. Mercer fait ses débuts pro le 24 février 1989 à Atlantic City, battant Jesse McGhee par KO technique au 3e round.
Les premiers combats de Mercer chez les professionnels sont impressionnants. Il enchaîne les victoires, souvent par KO, démontrant que sa puissance de frappe olympique se traduit parfaitement dans les rings professionnels. En l’espace de deux ans, il compile un bilan de 17 victoires pour aucune défaite, dont 12 avant la limite.
La conquête du titre NABF
Le 5 août 1990, Ray Mercer affronte Bert Cooper pour le titre de champion d’Amérique du Nord NABF des poids lourds. Ce combat constitue son premier véritable test chez les professionnels. Cooper est un cogneur réputé, avec un palmarès de 26 victoires dont 23 par KO.
Le duel tient toutes ses promesses et s’avère spectaculaire. Pendant 12 rounds, les deux hommes se livrent une bataille féroce. Mercer parvient à envoyer Cooper au tapis, mais doit lui-même résister aux assauts de son adversaire. Au final, il s’impose aux points par décision unanime et remporte son premier titre professionnel significatif.
Cette victoire propulse Mercer dans le top 10 mondial des poids lourds. Elle démontre également sa capacité à tenir la distance sur 12 rounds face à un adversaire coriace, complétant ainsi son arsenal de puncheur.
Le sommet de la gloire : champion du monde WBO
La conquête du titre mondial
Le 11 janvier 1991, Ray Mercer obtient sa chance mondiale face à l’Italien Francesco Damiani, champion WBO des poids lourds invaincu en 27 combats. Le combat se déroule à Atlantic City et constitue la première apparition de Mercer dans un événement télévisé en pay-per-view.
Damiani, boxeur technique et expérimenté, donne du fil à retordre à Mercer dans les premières reprises. L’Italien mène aux points après 8 rounds. Mais au 9e round, Mercer place un terrible uppercut qui envoie Damiani au tapis. L’Italien ne peut se relever et Mercer devient champion du monde WBO des poids lourds par KO.
Cette victoire spectaculaire propulse Ray Mercer au sommet de la boxe mondiale. À 29 ans, moins de 3 ans après ses débuts professionnels, il a conquis un titre mondial majeur en battant un champion invaincu.
La défense de titre contre Tommy Morrison
Pour sa première défense de titre, Mercer affronte le 18 octobre 1991 son ancien rival amateur Tommy Morrison. Ce dernier est invaincu en 28 combats et vient de jouer dans le film Rocky V, ce qui lui confère une grande popularité.
Le combat, très attendu, tourne rapidement à l’avantage de Mercer. Imposant un rythme élevé, il submerge Morrison sous une pluie de coups. Au 5e round, Mercer accula Morrison dans les cordes et décoche une série de crochets dévastateurs. L’arbitre arrête le combat, offrant à Mercer une victoire par KO technique particulièrement impressionnante.
Cette performance confirme le statut de Mercer comme l’un des puncheurs les plus redoutables de la catégorie reine. Sa capacité à battre un adversaire invaincu de manière aussi dominante marque les esprits.
Les hauts et les bas d’une carrière mouvementée
La perte du titre face à Larry Holmes
Après sa victoire sur Morrison, Ray Mercer fait le choix discutable d’abandonner son titre WBO pour affronter la légende Larry Holmes, ancien champion du monde alors âgé de 42 ans. Ce combat, disputé le 7 février 1992, doit servir de tremplin à Mercer pour obtenir un affrontement contre le champion incontesté Evander Holyfield.
Mais le combat ne se déroule pas comme prévu pour Mercer. Holmes, malgré son âge, fait parler son expérience et sa technique. Il neutralise la puissance de frappe de Mercer grâce à un jab précis et des déplacements habiles. Au fil des rounds, Mercer apparaît désorienté face à la boxe rusée de son adversaire.
Au terme des 12 reprises, Holmes s’impose aux points par décision unanime. Cette défaite, la première de sa carrière professionnelle, est un coup dur pour Mercer. Elle lui coûte son invincibilité et son statut de champion du monde.
Les controverses et les revers
Après cette défaite, la carrière de Ray Mercer connaît plusieurs épisodes controversés :
- En 1993, il perd face à Jesse Ferguson dans un combat où il est accusé d’avoir proposé de l’argent à son adversaire pour perdre. Une enquête est ouverte mais les allégations ne sont pas prouvées.
- En 1994, on lui diagnostique une hépatite B, ce qui l’éloigne des rings pendant plusieurs mois.
- À son retour, il enchaîne des performances en dents de scie, alternant victoires peu convaincantes et défaites face à des adversaires modestes.
Ces épisodes ternissent l’image de Mercer et freinent sa progression vers un nouveau combat pour le titre mondial. Il peine à retrouver le niveau qui était le sien lors de ses années de gloire.
Le retour au premier plan
Malgré ces difficultés, Ray Mercer parvient à se relancer au milieu des années 1990. Il livre plusieurs combats mémorables face à des adversaires de premier plan :
- Le 20 mai 1995, il s’incline aux points face à Evander Holyfield dans un combat acharné qui va au terme des 10 rounds.
- Le 10 mai 1996, il perd une décision controversée face à Lennox Lewis dans un duel spectaculaire.
- Le 14 décembre 1996, il bat aux points l’ancien double champion du monde Tim Witherspoon.
Ces performances, même si elles ne se soldent pas toutes par des victoires, démontrent que Mercer reste un boxeur de haut niveau capable de rivaliser avec l’élite mondiale. Sa réputation de combattant dur au mal et sa puissance de frappe en font toujours un adversaire redouté.
Les dernières années de carrière et la reconversion
Les ultimes combats en boxe
À l’approche de la quarantaine, Ray Mercer continue de boxer au plus haut niveau. Il connaît cependant des fortunes diverses :
- En 2001, à 40 ans, il affronte le champion WBO Wladimir Klitschko. Mercer subit sa première défaite par KO, stoppé au 6e round.
- En 2005, à 44 ans, il livre un combat spectaculaire face à Shannon Briggs mais s’incline par arrêt de l’arbitre au 7e round.
- Son dernier combat professionnel a lieu en 2008, à l’âge de 47 ans. Il s’impose aux points face au Néerlandais Richel Hersisia.
Ray Mercer termine sa carrière de boxeur professionnel avec un bilan de 36 victoires (dont 26 par KO), 7 défaites et 1 match nul. Bien que n’ayant jamais reconquis de titre mondial après 1991, il reste considéré comme l’un des poids lourds les plus coriaces et dangereux de sa génération.
L’incursion dans le kickboxing
Après sa carrière en boxe, Ray Mercer tente une reconversion dans le kickboxing. Il participe à deux combats dans la prestigieuse organisation K-1 au Japon :