Adonis Stevenson est un boxeur professionnel canadien d’origine haïtienne qui a marqué l’histoire de la boxe dans la catégorie des poids mi-lourds. Surnommé “Superman”, il s’est illustré par sa puissance de frappe dévastatrice et son parcours atypique. Cette fiche présente en détail la vie, la carrière et l’héritage de ce champion du monde controversé.
Biographie d’Adonis Stevenson
Origines et jeunesse
Adonis Stevenson est né le 22 septembre 1977 à Port-au-Prince, en Haïti. Il passe les premières années de sa vie dans le quartier populaire de Carrefour, élevé par sa grand-mère. Son enfance est marquée par la violence, dont il est témoin dès l’âge de 4 ans lorsqu’il assiste à un meurtre par arme à feu dans la rue.
Son père, décédé avant sa naissance, était apparemment un maître de karaté. Les circonstances de sa mort restent floues, certains évoquant un empoisonnement suite à un rituel vaudou, d’autres un coup fatal reçu lors d’un combat.
En 1984, à l’âge de 7 ans, Adonis rejoint sa mère à Montréal au Canada. La famille s’installe dans un petit logement du quartier Côte-des-Neiges. Sa mère refait sa vie avec un Canadien et a trois autres enfants. Ils déménagent ensuite dans un bungalow à Laval.
Une adolescence difficile
L’adolescence d’Adonis Stevenson est marquée par la rébellion et l’instabilité. À 14 ans, il quitte le domicile familial pour vivre dans la rue, dormant chez des amis ou dans le métro. Il intègre un gang de rue surnommé les Black Panthers, dont le chef est Bélande Thadal.
C’est à cette période qu’il découvre les sports de combat. À 15 ans, il entre dans un gymnase de kick-boxing sur l’avenue Papineau à Montréal. L’entraîneur Tiger Paul remarque immédiatement sa force physique hors du commun pour son âge. Après quelques mois, Stevenson se tourne vers la boxe anglaise qu’il juge plus lucrative.
Descente dans la criminalité
À la fin des années 1990, Adonis Stevenson plonge dans la criminalité. Avec son ami Bélande Thadal et d’autres membres de gang, il monte une agence d’escortes baptisée “Obsession”. Ils exploitent plusieurs jeunes femmes, les forçant à se prostituer et les maltraitant.
Le 21 octobre 1998, Stevenson est arrêté suite à la plainte d’une des prostituées. Il est inculpé de proxénétisme, voies de fait et menaces. Reconnu coupable, il est condamné à 4 ans de prison en 2000.
Incarcération et rédemption
Durant son incarcération à la prison de Rivière-des-Prairies, Stevenson est impliqué dans un violent incident. Il assène un coup de pied à la tête d’un autre détenu, lui provoquant une double fracture du crâne. Cet acte lui vaut un mois de prison supplémentaire.
Libéré en 2001 après 18 mois derrière les barreaux, Adonis Stevenson se promet de ne jamais y retourner. C’est le début de sa rédemption à travers la boxe.
Carrière amateur prometteuse
De retour à la vie civile, Stevenson se consacre pleinement à la boxe amateur. Il remporte rapidement des titres :
- Champion du Québec des poids moyens en 2004
- Champion du Canada en 2005 et 2006
- Médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth 2006 en Australie
Il termine sa carrière amateur avec un bilan de 33 victoires pour 5 défaites. Parmi ses rivaux notables figure Jean Pascal, futur champion du monde, qu’il affronte à deux reprises.
Carrière professionnelle d’Adonis Stevenson
Débuts fracassants chez les pros (2006-2010)
Adonis Stevenson passe professionnel en septembre 2006 à l’âge de 29 ans, sous l’égide du promoteur québécois Yvon Michel. Il évolue dans la catégorie des super-moyens (168 livres / 76,2 kg).
Ses débuts sont impressionnants : en 15 mois, il remporte ses 10 premiers combats, tous avant la limite. Cette série de KO lui vaut le surnom de “Superman” pour sa puissance de frappe dévastatrice.
Parmi ses victoires marquantes de cette période :
- KO au 1er round contre Anthony Bonsante (1er août 2008)
- TKO au 5e round face à Jermain Mackey (25 septembre 2009)
En avril 2010, Stevenson subit sa première défaite professionnelle, stoppé au 2e round par Darnell Boone. Ce revers inattendu le pousse à revoir sa préparation et son approche des combats.
Ascension vers les sommets (2011-2013)
Après cette défaite, Adonis Stevenson entame une impressionnante série de victoires qui le propulse au sommet de la boxe mondiale :
- Il remporte le titre nord-américain NABA des super-moyens en avril 2011
- Il enchaîne les KO spectaculaires contre des adversaires de calibre
- Il prend sa revanche sur Darnell Boone par KO au 6e round en mars 2013
Le 8 juin 2013 marque un tournant dans sa carrière. Stevenson monte de catégorie pour défier le champion WBC des mi-lourds Chad Dawson. Il crée la sensation en mettant KO Dawson en seulement 76 secondes, devenant ainsi champion du monde.
Règne en tant que champion WBC des mi-lourds (2013-2018)
Adonis Stevenson entame alors un long règne de 5 ans et demi comme champion WBC des mi-lourds. Il défend sa ceinture à 9 reprises avec succès, dont :
- TKO contre Tavoris Cloud (28 septembre 2013)
- KO face à Tony Bellew (30 novembre 2013)
- Victoire aux points contre Andrzej Fonfara (24 mai 2014)
- KO contre Dmitry Sukhotsky (19 décembre 2014)
- TKO face à Thomas Williams Jr. (29 juillet 2016)
- Match nul contre Badou Jack (19 mai 2018)
Cette période est néanmoins marquée par des critiques sur le choix de ses adversaires. On lui reproche d’éviter les meilleurs boxeurs de sa catégorie comme Sergey Kovalev ou Andre Ward.
Défaite et fin de carrière dramatique
Le 1er décembre 2018, Adonis Stevenson défend son titre pour la 10e fois face à l’Ukrainien Oleksandr Gvozdyk. Mené aux points, il est mis KO dans la 11e reprise, perdant ainsi sa ceinture mondiale.
Quelques heures après le combat, Stevenson s’effondre dans les vestiaires. Victime d’un traumatisme crânien sévère, il est placé dans un coma artificiel. Son état est jugé critique pendant plusieurs jours.
Après trois semaines de coma, il reprend progressivement conscience. Sa convalescence sera longue, marquant la fin de sa carrière de boxeur professionnel.
Style de boxe et caractéristiques
Une puissance de frappe exceptionnelle
La principale arme d’Adonis Stevenson était sans conteste sa puissance de frappe phénoménale, en particulier son crochet gauche dévastateur. Sur ses 29 victoires professionnelles, 24 se sont terminées avant la limite, soit un impressionnant taux de KO de 82%.
Cette puissance lui permettait de renverser le cours d’un combat à tout moment, même lorsqu’il était dominé. Son KO en 76 secondes contre Chad Dawson pour le titre mondial en est l’illustration parfaite.
Un style offensif et spectaculaire
Stevenson adoptait généralement un style de boxe offensif et agressif, cherchant constamment le KO. Sa boxe spectaculaire en faisait un combattant très apprécié du public.
Gaucher naturel, il excellait particulièrement dans les échanges à mi-distance où il pouvait décocher ses puissants crochets. Son jeu de jambes lui permettait de se positionner rapidement pour placer ses coups.
Des lacunes défensives
Si sa puissance de frappe était redoutable, Stevenson présentait certaines lacunes défensives. Il avait tendance à baisser sa garde et à négliger sa défense, ce qui le rendait vulnérable aux contre-attaques.
Ces faiblesses ont été particulièrement exposées lors de son dernier combat contre Gvozdyk, où il a fini par être débordé et mis KO.
Une endurance parfois critiquée
Certains observateurs ont pointé du doigt l’endurance limitée de Stevenson sur la durée d’un combat. Il avait tendance à baisser de régime dans les derniers rounds, ce qui pouvait le mettre en difficulté face à des boxeurs plus endurants.
Palmarès et accomplissements
Bilan professionnel
Total de combats | Victoires | Défaites | Nuls | KO |
---|---|---|---|---|
32 | 29 | 2 | 1 | 24 |
Titres majeurs
- Champion du monde WBC des poids mi-lourds (2013-2018)
- Champion d’Amérique du Nord NABA des super-moyens (2011)
- Champion du Canada des super-moyens (2007)
Distinctions
- Boxeur de l’année 2013 selon Ring Magazine
- KO de l’année 2013 pour sa victoire contre Chad Dawson
- Médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth 2006 (catégorie amateur)