Un groupe de juristes et de managers de boxeurs américains remet en question la déduction de 2 % sur les gains des combattants, imposée par le Royaume-Uni, pour financer la British Boxing Board of Control (BBBoC) en vue de gérer la carte de combats très médiatisée prévue le 22 février en Arabie Saoudite. Cette situation soulève des inquiétudes, car ce type d’imposition n’est pas applicable dans le système de boxe américain.
Les agents s’opposent à cette “taxe de commission” instaurée par Queensberry Promotions, arguant qu’elle est inédite dans le paysage de la boxe aux États-Unis. Des concessions ont été obtenues par certains agents, tandis que le promoteur Frank Warren reste ferme dans sa défense de cette pratique. Dans un communiqué, il a déclaré : « La BBBoC est financée par les prélèvements imposés à ses détenteurs de licence, y compris tous les boxeurs qui combattent sous sa juridiction. Les bases de ces prélèvements sont clairement énoncées dans ses règles et règlements et le promoteur est responsable de leur conformité en tout temps. »
Parmi les boxeurs concernés par cette taxe figurent Dmitry Bivol, ancien champion des lourds légers, Israil Madrimov, Carlos Adames, et Vergil Ortiz Jr., tous attendus pour cet événement. Lors d’autres événements basés en Arabie Saoudite précédemment réglementés par la BBBoC, Queensberry avait déjà réussi à faire payer cette taxe, mais cette fois, face à un refus accru, il a décidé d’annuler ou de réduire certaines des charges imposées aux combattants.
En réalité, cette déduction de 2 % opère comme une dépense plutôt qu’une taxe lorsque les boxeurs remplissent leur déclaration d’impôts aux États-Unis, ce qui n’ouvre la porte qu’à un remboursement partiel. Lou DiBella, un promoteur américain vétéran, a rappelé que cette taxe devait bien faire partie des “frais d’événement” et non être prélevée sur les combattants. Un responsable américain a également souligné que “l’Ali Act existe pour protéger les combattants qui risquent leur vie, et non les membres des commissions.”
Les pratiques financières entourant cet événement en Arabie Saoudite ont également été scrutées. Selon des informations, le BBBoC a constaté une augmentation vertigineuse de 166 % de ses bénéfices avant impôt par rapport à l’année précédente, après avoir organisé sa première carte de Riyadh Season en octobre 2023. Les échos du succès de la boxe saoudienne ont poussé les dirigeants locaux à demander à Queensberry de recommander une commission, l’Arabie saoudite souffrant d’un manque de régulateurs suffisants.
Pourtant, malgré les bénéfices considérables que les boxeurs peuvent tirer de leur participation en Arabie Saoudite, ce modèle est critiqué par des responsables de commissions américaines qui estiment qu’il rompt l’équilibre traditionnel entre promoteurs et commissions. Andy Foster, responsable de la California State Athletic Commission, a déclaré : « Le commission est une agence gouvernementale. Nous sommes là pour protéger le public, pas pour tirer profit de nos licenciés. »
En définissant et en négociant les frais pour chaque carte, Queensberry pourrait potentiellement générer des revenus importants pour la BBBoC. Un événement affichant $75 millions en bourses pourrait ainsi rapporter $1,5 million à la commission. Toutefois, Smith de la BBBoC a fermement démenti que de tels montants seraient prélevés, insistant sur le fait que les frais sont négociés en fonction de la taille de l’événement et non sous la forme d’un pourcentage fixe.
Les montants des bourses pour le combat du 22 février pourraient dépasser les 20 millions de dollars pour Bivol et son adversaire Artur Beterbiev. Le représentant de Beterbiev a décliné de commenter sur la façon dont il gère cette taxe. D’autres observateurs se demandent si les financiers saoudiens sont conscients des répercussions de ces décisions sur leurs relations avec les boxeurs et leurs managers.
La légitimité de cette taxe est mitigée, d’un côté, les boxeurs pourraient bénéficier d’un revenu nettement supérieur, mais de l’autre, des frais imposés et une perception généralisée d’iniquité risquent de ternir l’image de cet écosystème en pleine expansion.