Dans une tournure qui pourrait s’avérer extrêmement lucrative pour Ryan Garcia, le boxeur se prépare à affronter Rolando « Rolly » Romero en mai prochain, avant de se lancer dans une revanche tant attendue contre Devin Haney, un ancien rival, avec une éventuelle troisième rencontre en perspective. À première vue, cela semble prometteur, surtout pour un athlète actuellement sanctionné pour avoir été testé positif à des substances interdites.

Il n’est pas nécessaire de revenir sur les détails de la rivalité entre Garcia et Haney, mais rappelons que leur dernier affrontement en avril 2024, où Garcia avait remporté une victoire aux points, a été déclaré “non-concours” après la révélation de ses échecs à deux tests de dépistage, la veille et le jour du combat. Malgré les dénégations de Garcia quant à une quelconque faute de sa part, la Commission athlétique de l’État de New York l’a suspendu pour une durée de 12 mois. Haney, ne croyant pas à l’innocence de son adversaire, avait même déposé une plainte pour voie de fait, mais cette action a depuis été retirée, permettant à leur rivalité de reprendre dans un cadre plus sportif.

En effet, lorsque l’on évoque les athlètes ayant enfreint les règles, on ne peut s’empêcher de penser à Ben Johnson, le sprinter dont la réputation a été entachée après avoir été privé de sa médaille d’or olympique de 1988 pour avoir échoué à un test antidopage. Dans un univers où l’athlétisme ne pardonne guère, il est étonnant de voir Garcia accueillir les honneurs avec autant de fierté, ayant été l’une des stars des Ring Awards à Londres alors qu’il purgeait une suspension. Cela contraste fortement avec la situation de Johnson, qui aurait été vilipendé dans un événement semblable.

La boxe, contrairement à d’autres sports, expose réellement les athlètes à des risques physiques considérables, rendant la tricherie d’autant plus répréhensible. Malgré cela, il semble que la carrière de Garcia ait pris un essor inattendu après son échec anti-dopage. Cette situation soulève des interrogations sur les tests antidopage dans le milieu de la boxe, notamment le fait qu’Haney ait exigé des tests rigoureux avant d’affronter Garcia à nouveau. Ce faisant, cela questionne également le rôle des autorités qui, en 2025, ne semblent toujours pas imposer un système de tests aléatoires tout au long de l’année aux boxeurs, quelle que soit l’imminence de leurs combats.

Nous sommes souvent conduits à penser que les promoteurs et les instances dirigeantes de la boxe rechignent à adopter des politiques de tests anti-dopage en raison des coûts, réalité difficile à ignorer. Pourtant, il apparaît que ces entités n’ont pas vraiment entrepris d’initiatives significatives pour lutter contre ce problème majeur. Avec Turki Alalshikh orchestrant les choses depuis l’Arabie Saoudite, une région où les moyens financiers ne font pas défaut, pourquoi ne pas envisager d’adopter une stratégie qui mettrait sérieusement à mal l’usage de substances dopantes parmi l’élite ?

Une proposition simple consisterait à multiplier les tests antidopage aléatoires tout au long de l’année pour les boxeurs de haut niveau, accompagnée d’un message clair : quiconque échoue à un test ne participera plus à des événements financés par de gros sponsors saoudiens. Un tel mouvement pourrait véritablement améliorer l’image et la crédibilité de la boxe, bien plus que l’annonce d’un combat. Malheureusement, cette logique ne semble pas correspondre à la vision des décideurs du milieu.

Si l’on considère les cas de boxeurs célèbres ayant échoué à des tests, peu peuvent se targuer d’avoir vu leur carrière altérée par ce manquement. Des figures emblématiques comme Roy Jones Jr, Saul « Canelo » Alvarez, ou Tyson Fury continuent de briller sur la scène mondiale même après avoir fait face à des accusations de dopage.

L’affaire recente de Conor Benn, qui a été invité à se mêler des festivités de Chris Eubank Jr en Arabie Saoudite alors qu’il purgait une suspension, met encore en lumière les lacunes dans la discipline sportive. Le recours au dopage semble être presque sans conséquences, comme l’illustre également l’enjeu financier énorme qui attend Benn contre Eubank en avril, bien qu’il ait également un parcours controversé.

Dans ce contexte, le message pour les jeunes boxeurs semble désastreusement clair : la tricherie peut en fait payer. Le risque d’une suspension reste faible et bien souvent, les retombées commerciales, même après un écart de conduite, restent alléchantes. Enfin, pour le monde du sport, la dissonance est frappante. Si l’on peut encore qualifier Ben Johnson de traître dans l’athlétisme, la boxe pourrait paraître trop laxiste envers ceux qui choisissent de tricher.

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