L’événement de boxe tant attendu entre Sunny Edwards et Galal Yafai, prévu ce week-end, promet d’être une confrontation passionnante entre deux poids mouches talentueux. Toutefois, il est juste de se demander si ce combat saura captiver un large public, surtout dans un monde où la patience devient une denrée rare. En effet, les analgésiques instantanés des temps modernes semblent éloigner les spectateurs d’un affrontement qui, pourtant, mérite leur attention.
Ce combat, bien que salué dans les cercles de la boxe comme l’un des plus marquants de l’année, souffre d’un certain manque de reconnaissance en dehors des aficionados. Au Royaume-Uni, l’engouement est perceptible, mais comment peut-on réellement juger de la portée d’un affrontement entre deux boxeurs pesant moins de 52 kg en 2024? La lutte entre Edwards et Yafai, qui s’inscrit dans un héritage de rivalités amicales et familiales remontant à près d’une décennie, a clairement ses enjeux. Pourtant, la visibilité médiatique n’est guère en faveur des combats chez les poids mouches, notamment lorsqu’ils sont diffusés sur des plateformes comme DAZN, qui peuvent privilégier une approche moins traditionnelle.
Si l’on compare cette rencontre à un texte littéraire, on pourrait dire qu’elle nécessite une dose de compréhension, de patience, et surtout, une appréciation des subtilités du noble art. Les amateurs de boxe devront abandonner les attentes de KO rapides pour profiter pleinement de ce 36 minutes d’affrontement, qui pourrait exiger un engagement à long terme de leur part – une tâche qui, dans l’ère actuelle des distractions numériques, pourrait sembler décourageante.
Plus généralement, le manque d’attrait des poids mouches par rapport aux poids lourds est un fait bien connu. Si Edwards et Yafai étaient plus lourds, leur notoriété serait fort différente, portée par une personnalité flamboyante et des KO spectaculaires qui séduiraient un public avide de sensations fortes. Il est bien documenté que les spectateurs, à la recherche d’adrénaline, sont davantage attirés par des combats qui se concluent en un instant, plutôt que de patienter pour trois décisions de juges après douze rounds.
L’exemple récent du « combat » entre Jake Paul et le légendaire Mike Tyson, âgé de 58 ans, illustre ce phénomène. Malgré les critiques, ce duel a attiré l’attention non seulement grâce aux noms en lice, mais aussi parce qu’il était présenté comme un match de poids lourd, insinuant la promesse de frappes puissantes et d’une intensité palpable à chaque round. Les modalités raccourcies, avec des rounds de deux minutes, ne faisaient qu’accroître l’attrait pour des fans occasionnels en quête d’une expérience brève mais intense.
Dans cette ère où l’attention s’effrite au profit d’écrans multiples, les boxeurs se retrouvent à devoir non seulement performer mais aussi à se promouvoir eux-mêmes de manière proactive. Ce qui était une activité noble se transforme parfois en un spectacle destiné à attirer des yeux distraits. Cependant, la responsabilité d’un tel désintérêt retombe sur l’ensemble de l’industrie plutôt que sur les combattants eux-mêmes. Le défi pour le monde de la boxe réside dans la capacité à rivaliser avec les nombreuses distractions qui s’offrent au public.
Les mots d’un fan récent suite à l’interview de Yafai résument bien cette dualité : « J’ai apprécié chaque moment. C’était une bonne interview sur un boxeur que je ne connaissais que de nom. Maintenant, je suis vraiment intéressé par ce combat. » Il semblerait qu’un retour à une certaine authenticité pourrait résonner avec le public, redonnant à la boxe son élan et sa dignité.