Galal Yafai, le boxeur de Birmingham, vivait des moments où il se sentait comme un homme condamné à une existence banale, loin de l’étreinte euphorique de la boxe. À 32 ans, cet ancien travailleur d’usine, dont les journées étaient passées à empaqueter des pièces de voiture, va enfin goûter à la gloire de son rêve olympique. Il se prépare à affronter l’ancien champion du monde Sunny Edwards dans un événement majeur à l’Arena Resorts World, devant ses supporters locaux.
Avec un palmarès impressionnant de 8 victoires et 6 par KO, Yafai reconnaît que sa carrière professionnelle en boxe est davantage un sprint qu’un marathon, surtout à son âge. Ce combat sera sa troisième apparition sur le ring cette année, soulignant son impatience et son désir de gravir rapidement les échelons pour devenir le meilleur poids mouche au monde.
Par le passé, cependant, la réalité était très différente. Alors qu’il travaillait dans une usine Land Rover à Solihull, Yafai se questionnait sur sa voie dans la vie, cherchant à échapper à la routine oppressante qui l’accablait. “J’adorais mon travail,” se rappelle-t-il sarcastiquement. “Cela m’a probablement coûté cher d’avoir avoué cela dans les journaux, mais je détestais ces ordres que je recevais. Je ne pouvais pas imaginer passer ma vie à obéir aux bosses.”
Le tournant de sa carrière est survenu aux Jeux Olympiques de 2020, où Yafai a remporté l’or. Ce succès, reflet de ses années de travail acharné, l’a conduit à une introspection profonde. “Quand j’ai gagné l’or, c’était comme si je réalisais enfin ce pour quoi j’avais tant travaillé,” déclare-t-il. “Les gens ne savent pas vraiment ce que j’ai dû traverser, mais je suis fier de moi, peu importe l’avenir.”
Le match contre Sunny Edwards, bien que longtemps attendu, arrive peut-être trop tôt dans sa carrière. Edwards, qui a déjà connu le sommet, défend maintenant sa position et sera un adversaire redoutable. Leurs chemins se sont croisés dans le passé, tant sur le ring qu’en sparring, mais l’issue pourrait être différente cette fois-ci. “En regardant dans l’ensemble, ces combats en amateurs ont dû me donner confiance. Mais si j’avais peiné lors de ces sparrings, ce combat ne se serait pas déroulé,” explique Yafai.
Les rivalités familiales pimentent ce combat, avec les frères Yafai ayant pris place sur le devant de la scène, tout comme les frères Edwards. Galal, Kal et Gamal, d’une part, et Sunny et Charlie, d’autre part, ont tous remporté des titres prestigieux, ajoutant une couche supplémentaire à la rivalité qui se joue ce week-end.
Galal se montre pragmatique lorsque les rumeurs de rivalités pimentées surgissent. “Il n’y a pas de rancœur, juste une rivalité sportive,” souligne-t-il. “On se respecte, mais ça devient autre chose dès qu’on monte sur le ring. Je vais tout faire pour lui prendre la tête et lui pareil.” Cet état d’esprit entre les deux boxeurs est légèrement différent de ce que l’on voit sur les réseaux sociaux, où Edwards ne manque pas d’afficher sa personnalité provocante.
Yafai jette un regard vers le passé. “J’ai sonné à la porte de la boxe tardivement, vers 18 ou 19 ans. Les gens n’auraient jamais cru que j’arriverais ici. Mais me voilà,” se rappelle-t-il. Son parcours de travailleur acharné, assorti à une carrière amateur florissante, l’a finalement propulsé pour mettre les gants en pro. “Travaillant à plein temps, j’entendais : ‘Tu vas être le meilleur de tes frères.’ Au début, je n’y croyais pas vraiment. Mais voir les choses s’accomplir au fil des ans m’a fait réaliser que je pouvais faire quelque chose de grand.”
Après avoir pulvérisé les attentes, Yafai ne s’arrête pas là. Son ambition est claire, et oscille entre la prudence et le désir d’une ascension rapide. “Chaque victoire me rapproche de cette ceinture mondiale, que ce soit à Saudi, en Angleterre ou aux États-Unis. L’essentiel est de faire le travail. Je ne m’inquiète pas trop pour mon âge, car il y a des exceptions comme Beterbiev qui prouvent que tout est possible.”
Avec une échéance qui approche et un combat pour le titre intérimaire de la WBC à la clé, Yafai affiche une grande clarté dans ses objectifs. “Le meilleur ? Non, le plus facile. Après cela, je peux faire face au meilleur.” Il se prépare à un duel palpitant mais ne perd pas de vue son objectif à long terme. “Je me concentre sur Sunny, évidemment. Gagner ce combat m’importera bien plus que le titre lui-même.”
En somme, peu importe ce que l’avenir réserve, Galal Yafai semble prêt à embrasser le destin. La route à suivre, bien qu’incertaine, pourrait l’élever au rang des champions. Plus qu’une victoire, ce combat avec Edwards est une marche vers la légende. Alors, que le meilleur gagne.