Il y a dix jours, le célèbre « monstre » de la boxe, Naoya Inoue, a terrifié Ye Joon Kim lors d’un affrontement inégalement organisé à Tokyo. Au début, il a observé son adversaire, lui offrant une illusion de sécurité, puis, au moment où Kim commençait à se sentir à l’aise, Inoue s’est jeté sur lui avec une telle brutalité qu’il a montré en quelques échanges de coups pourquoi tant de boxeurs dans la catégorie des poids plume redoutent d’entrer sur le ring contre le prodige japonais.

La nuit dernière, un autre « monstre » de la boxe s’est illustré, le poids léger David Benavidez. Contrairement à Inoue, Benavidez ne brille pas par des vidéos promotionnelles ou un mystère captivant, mais il n’en reste pas moins redoutable pour ses adversaires lorsqu’ils affrontent le « monstre mexicain ». Face à David Morrell, cet ancien bully habitué à dominer dans le ring, Benavidez a démontré la différence entre les hommes et les monstres en le forçant à reculer vers les cordes, contraint à un combat sous pression. Pour Benavidez, ce n’était pas une surprise, tandis que Morrell vivait une expérience de combat peu ordinaire, incapable de tenir Benavidez à distance pendant les 12 rounds, malgré sa puissance vantée en amont du match.

Ce qui effraie particulièrement les adversaires de Benavidez, c’est l’image de ce dernier avançant, sans se soucier de sa défense, attaquant sans relâche. Ce n’est pas la même peur que suscite une combinaison d’Inoue, mais Benavidez compense son absence d’effets de surprise par une ténacité inébranlable, à la manière d’un Michael Myers, Freddy Krueger ou Jason. Peu importe ce qu’on tente pour le stopper, Benavidez avance, implacable et sans pitié.

Morrell a fait l’expérience de ce caractère impitoyable lors de leur affrontement à Las Vegas. Même s’il a montré de la bravoure et exécuté quelques coups intéressants, il n’a jamais pu prendre le dessus et obliger Benavidez à agir selon ses règles. Même un flash knockdown au onzième round, causé par un crochet du droit, a juste servi à provoquer Benavidez, qui a répondu avec une intensité décuplée; il ne s’était pas blessé, juste humilié, revitalisé pour la suite.

Benavidez a dominé l’exercice, infligeant plus de coups au corps à Morrell que tout autre adversaire précédemment affronté par ce dernier. Confiant qu’il avait mis son adversaire à rude épreuve, il a poursuivi un combat acharné, Morrell étant tout aussi éprouvé malgré son knockdown. Mieux encore, après ce moment d’euphorie, Morrell a commis une erreur en touchant Benavidez après le gong, entraînant une déduction d’un point qui scellait pratiquement son sort sur les cartes des juges (118-108, 115-111, 115-111 en faveur de Benavidez).

« C’est le monde des monstres », a déclaré Benavidez, maintenant à 30 victoires dont 24 par KO. « Un grand bravo à Morrell, il a relevé un défi difficile. Je savais qu’il serait un adversaire coriace, c’est pourquoi je me suis préparé si dur. Je suis juste heureux que le public ait pu assister à un beau spectacle ce soir. »

Avant le combat, Morrell, désormais à 11 victoires pour 1 défaite (9 KO), avait déclaré ne pas croire aux monstres, ce qui est souvent le cas jusqu’à ce qu’il en rencontre un. Ce constat est valable pour tous ceux qui passent sur le ring contre Inoue ou Benavidez. La manière de faire de Benavidez, à la fois simple et redoutable, surprend même ceux qui sont prêts à croire dans l’existence de monstres.

Benavidez est, en effet, un monstre d’un autre genre. Différent d’Inoue, il n’est pas l’archétype du boxeur à la frappe dévastatrice, mais il est à la fois un voleur de corps et un être possédé. Il ne se contente pas de poursuivre ; il transforme ses adversaires. Il fait croire les sceptiques et boxeurs les plus agressifs.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici