La boxe anglaise fascine les spectateurs depuis des décennies avec ses affrontements spectaculaires sur le ring. Mais au-delà des knockouts mémorables, le décompte des points joue un rôle crucial pour déterminer le vainqueur d’un combat. Ce système complexe mêle règles précises et jugement subjectif. Plongeons dans les coulisses de la notation en boxe pour comprendre comment les juges évaluent chaque round et désignent le gagnant.
Les bases du système de notation en boxe
Le système de notation en boxe professionnelle repose sur quelques principes fondamentaux :
- Chaque round est noté individuellement sur 10 points
- Le boxeur qui remporte le round obtient 10 points
- Son adversaire reçoit généralement 9 points, parfois moins
- Les scores sont cumulés à la fin du combat pour déterminer le vainqueur
Ce système à 10 points permet d’évaluer la domination relative d’un boxeur dans chaque reprise. L’écart peut ainsi être minime (10-9) ou plus marqué (10-8, 10-7) selon la physionomie du round.
L’importance du jugement round par round
Contrairement à d’autres sports, la boxe ne se juge pas sur l’ensemble du combat mais bien round après round. Un boxeur peut ainsi dominer largement 11 rounds sur 12 mais perdre le combat s’il subit un knock-down dans le dernier round. Cette particularité oblige les juges à rester concentrés en permanence et à réévaluer la situation après chaque reprise.
Le rôle crucial des juges
En boxe professionnelle, trois juges sont chargés d’évaluer indépendamment le combat. Ils sont placés autour du ring à des positions différentes pour avoir des angles de vue complémentaires. Leur mission : attribuer des points à chaque boxeur après chaque round en se basant sur des critères précis. À la fin du combat, leurs scores sont additionnés pour déterminer le vainqueur.
Les critères d’évaluation des juges
Pour attribuer leurs notes, les juges se basent sur plusieurs critères définis par les instances dirigeantes de la boxe :
1. L’efficacité des coups portés
C’est le critère le plus important. Les juges évaluent la puissance et la précision des coups qui atteignent leur cible. Les coups nets et puissants au visage ou au corps ont plus de valeur que de simples touches. Un coup dur qui ébranle visiblement l’adversaire aura un impact majeur sur la notation du round.
2. Le contrôle du ring et l’agressivité efficace
Le boxeur qui impose son rythme et dicte le déroulement du combat marque des points. L’agressivité est valorisée à condition qu’elle soit productive. Un boxeur qui avance sans cesse mais se fait contrer n’est pas considéré comme dominant le combat.
3. La défense
La capacité à esquiver ou bloquer les coups de l’adversaire entre aussi en compte. Un boxeur qui évite habilement les attaques tout en ripostant efficacement sera récompensé par les juges.
4. Le style et la technique
La qualité technique des enchaînements, la variété des coups utilisés ou encore l’élégance des mouvements peuvent influencer positivement la notation, même si ce critère reste secondaire.
| Critère | Importance |
|---|---|
| Efficacité des coups | Primordiale |
| Contrôle du ring | Importante |
| Défense | Significative |
| Style et technique | Secondaire |
Le système de notation round par round
Examinons maintenant comment les juges attribuent concrètement leurs notes à l’issue de chaque reprise :
Le round standard : 10-9
Dans la majorité des cas, le round se solde par un score de 10-9 en faveur du boxeur jugé légèrement dominant. Cela traduit un avantage minime mais perceptible sur l’ensemble des 3 minutes. Le vainqueur du round aura généralement porté quelques coups nets de plus ou montré une meilleure maîtrise tactique.
Le round à sens unique : 10-8
Lorsqu’un boxeur domine nettement son adversaire pendant toute la durée du round, le score peut passer à 10-8. Cela arrive notamment dans les cas suivants :
- Un boxeur subit un knock-down (chute au sol après un coup)
- Un boxeur encaisse de nombreux coups durs sans réellement riposter
- La domination est écrasante sur tous les plans (offensif, défensif, tactique)
Le score 10-8 traduit une différence significative de niveau entre les deux boxeurs sur le round concerné.
Le round exceptionnel : 10-7
Extrêmement rare, le score 10-7 sanctionne une domination totale d’un boxeur, généralement ponctuée de plusieurs knock-downs. Il faut vraiment que l’adversaire soit surclassé et en grande difficulté pour voir un tel écart.
Le round équilibré : 10-10
Lorsqu’il est impossible de départager les deux boxeurs sur un round, les juges peuvent exceptionnellement attribuer un score de 10-10. Cela reste toutefois peu fréquent, les juges étant encouragés à trancher même en cas de round très serré.
| Score | Signification | Fréquence |
|---|---|---|
| 10-9 | Légère domination | Très fréquent |
| 10-8 | Nette domination | Occasionnel |
| 10-7 | Domination écrasante | Très rare |
| 10-10 | Round équilibré | Exceptionnel |
L’impact des knock-downs sur la notation
Les chutes au sol après un coup (knock-downs) ont un impact majeur sur la notation d’un round. Voici comment elles sont prises en compte :
Un knock-down = un point de pénalité automatique
Lorsqu’un boxeur subit un knock-down, il perd automatiquement un point sur le round, quel que soit le déroulement du reste de la reprise. Ainsi, même s’il domine les 2 minutes 50 restantes, il ne pourra au mieux obtenir qu’un match nul 9-9 sur le round.
Plusieurs knock-downs = score 10-8 ou 10-7
Si un boxeur subit plusieurs knock-downs dans le même round, le score sera très probablement de 10-8 voire 10-7 en sa défaveur. Cela traduit une domination physique écrasante de son adversaire sur la reprise.
L’importance du timing du knock-down
Un knock-down en toute fin de round aura généralement moins d’impact qu’en début de reprise. Si le boxeur se relève rapidement et finit bien le round, les juges peuvent être plus cléments dans leur notation. À l’inverse, un knock-down précoce suivi d’une domination constante sera sévèrement sanctionné.
Les points de pénalité
Au-delà des knock-downs, d’autres situations peuvent entraîner des points de pénalité :
Les fautes volontaires
L’arbitre peut sanctionner un boxeur pour des fautes volontaires comme :
- Coup bas
- Coup derrière la tête
- Utilisation de la tête pour frapper
- Coup de coude
Ces infractions entraînent généralement la perte d’un point sur le round concerné.
Les avertissements répétés
Après plusieurs avertissements pour des fautes mineures (tenir, pousser…), l’arbitre peut décider de retirer un point au fautif. Cette sanction est laissée à l’appréciation de l’arbitre selon la gravité et la répétition des infractions.
Le calcul des points de pénalité
Les points de pénalité sont déduits du score du round concerné. Par exemple, si un boxeur gagne le round 10-9 mais subit un point de pénalité, le score final sera de 9-9.
Le décompte final des points
À l’issue du combat, les scores des trois juges sont additionnés round par round pour déterminer le vainqueur. Plusieurs scénarios sont alors possibles :
La décision unanime
Les trois juges désignent le même vainqueur. C’est le cas de figure le plus clair et le moins contestable. Par exemple :
- Juge 1 : 115-113 pour le boxeur A
- Juge 2 : 116-112 pour le boxeur A
- Juge 3 : 117-111 pour le boxeur A
La décision partagée
Deux juges votent pour un boxeur, le troisième pour son adversaire. Le vainqueur est celui désigné par la majorité des juges. Par exemple :
- Juge 1 : 115-113 pour le boxeur A
- Juge 2 : 114-114 match nul
- Juge 3 : 115-113 pour le boxeur A
Dans ce cas, le boxeur A l’emporte malgré le match nul d’un des juges.
La décision majoritaire
Deux juges désignent un vainqueur, le troisième voit un match nul. Là encore, c’est l’avis majoritaire qui l’emporte. Par exemple :
- Juge 1 : 115-113 pour le boxeur A
- Juge 2 : 114-114 match nul
- Juge 3 : 116-112 pour le boxeur A
Le match nul
Il peut survenir dans deux cas de figure :
- Les trois juges voient un match nul
- Un juge donne la victoire au boxeur A, un autre au boxeur B, le troisième voit un match nul
Le match nul est assez rare en boxe professionnelle, les juges étant encouragés à trancher.
Les particularités de la notation amateur
La boxe amateur (olympique notamment) utilise un système de notation légèrement différent :
Le comptage électronique des coups
Cinq juges sont équipés de boîtiers électroniques. Ils appuient sur un bouton à chaque fois qu’ils estiment qu’un coup valable a été porté. Pour être comptabilisé, le coup doit être validé par au moins trois des cinq juges dans la même seconde.
L’absence de score 10-points
Contrairement à la boxe pro, il n’y a pas de score 10-9 ou 10-8 en amateur. Seul le nombre total de coups validés est pris en compte pour déterminer le vainqueur de chaque round.
La règle du “scoring gap”
Si l’écart de points entre les deux boxeurs dépasse 15 points à n’importe quel moment du combat, l’arbitre arrête le match pour supériorité manifeste.
Le “final round”
Dans certaines compétitions amateurs, le dernier round a une importance accrue. Le boxeur menant aux points avant le dernier round peut ainsi perdre le combat s’il est dominé dans l’ultime reprise.
Les controverses liées au jugement en boxe
Malgré les efforts pour objectiver la notation, le jugement en boxe reste sujet à controverse :
La subjectivité inhérente
L’appréciation de “l’efficacité” d’un coup ou de la “domination” d’un boxeur comporte toujours une part de subjectivité. Deux juges peuvent légitimement avoir des visions différentes d’un même round.
Les décisions contestées
Certains combats très serrés donnent lieu à des décisions contestées par les fans ou les médias. Les cas de décisions partagées sont particulièrement propices aux polémiques.
Les soupçons de corruption
La boxe n’est pas à l’abri des tentatives de corruption des juges, notamment dans les combats à fort enjeu financier. Plusieurs scandales ont éclaté par le passé, jetant le doute sur l’intégrité de certaines décisions.
Le biais du boxeur local
Il arrive que les juges favorisent légèrement le boxeur combattant à domicile, consciemment ou non.
