Un défi inédit pour Terence Crawford

Habitué à résoudre ses problèmes de manière autonome, Terence Crawford a créé la surprise en se tournant vers l’extérieur lors de son dernier combat. En effet, pour la première fois en huit ans, il a été contraint de se battre jusqu’au terme des 12 rounds contre Israil Madrimov, le champion WBA des poids super welters, et ce, à Los Angeles.

À travers une série impressionnante de 11 victoires par arrêt consécutives depuis 2016, Crawford s’est souvent illustré comme le maître incontesté du boxing, escomptant sur ses propres ressources pour dicter le cours de ses combats. Que ce soit en lançant des frappes décisives ou en prenant des décisions cruciales, il était jusqu’alors le seul architecte de son destin sur le ring. Mais face à Madrimov, la situation était différente. À la fin des douze rounds, personne, pas même lui, ne pouvait vraiment affirmer qui avait pris l’ascendant.

Cette incertitude, sans nul doute, a dû peser lourd sur un homme qui se targue de contrôler chaque aspect de ses confrontations. La prouesse de Madrimov, qui ne semblait pas, comme les onze précédents adversaires de Crawford, en danger de subir une défaite prématurée, a révélé une compétition d’un nouveau genre. Dès le début, Madrimov a montré une agressivité sans faille, martelant le sol en s’approchant de Crawford, provoquant ainsi le champion tout en gardant une distance sécuritaire.

Malgré les huées d’un public qui pressentait une soirée longue et laborieuse, le boxeur ouzbèke a maintenu son plan de jeu en enterrement de mouvement et de feintes, déstabilisant un Crawford visiblement hésitant. Pendant les trois premiers rounds, Crawford a réussi à toucher seulement 15 de ses 83 tentatives, peinant à porter ses meilleures frappes. Son tout premier uppercut gauche significatif a été enregistré au troisième round, mais Madrimov, à son tour, a intensifié son offensif et riposté avec des combos redoutables.

Les fans, en quête d’un spectacle plus palpitant, n’ont pas hésité à exprimer leur frustration. Au fil des rounds, malgré des mouvements intelligents de part et d’autre, la rencontre est devenue plus tactique que spectaculaire. Cependant, Madrimov a su exploiter les petites failles de son adversaire et, à partir du cinquième round, il a donné le tempo du combat, réduisant Crawford à des frappes sporadiques.

Ce n’est qu’au onzième round que Crawford a véritablement commencé à imposer son style, décochant un uppercut suivi de contre-attaques vives.　Il a ensuite abordé le dernier round avec une vitalité renouvelée, expédiant des combinaisons qui auraient pu laisser Madrimov sur la défensive. Pourtant, malgré des tentatives audacieuses de part et d’autre, les frappes isolées de Madrimov n’étaient pas suffisantes pour infliger à Crawford sa première défaite.

Au bout du compte, Terence Crawford, désormais âgé de 36 ans, a prévalu avec une fiche de 41 victoires, dont 31 par KO. Pour la première fois, il a dû attendre le verdict des juges, qui a proclamé la victoire par décision partagée (116-112, 115-113, 115-113), laissant place à des débats sur la légitimité de cette victoire. De son côté, Madrimov, avec une fiche de 10-1 (7), a connu son premier revers sur le ring.

La soirée, teintée d’incertitudes et d’inconfort, a certainement laissé Crawford avec des réflexions sur son statut et la compétition à venir. Si son ascension dans les catégories de poids devait lui offrir plus de défis, il semblerait qu’il doive apprendre à embrasser ce sentiment d’inconfort, car les temps changent et les adversaires aussi.

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