L’IBF : Entre Échecs et Brouilles dans le Monde de la Boxe

Autrefois, l’IBF (International Boxing Federation) était largement considéré comme le moins problématique des organismes de boxe. Bien que cette affirmation ne soit pas dénuée de sarcasme, elle soulignait une réalité : il valait mieux avoir un organisme douteux que de n’avoir aucun organisme. En effet, après que Bob Lee, président de l’IBF, ait été reconnu coupable de corruption en 2000, l’organisation a été placée sous la supervision d’un mandataire judiciaire. Pendant cette période, ses classements et ses mandats avaient quelques semblants de logique, se rapprochant parfois d’un système basé sur le mérite.

En comparaison, la WBA (World Boxing Association) préférait multipler ses frais en divisant ses ceintures entre champions « super » et « réguliers », tandis que la WBC (World Boxing Council) faisait des caprices pour plaire à Don King, allant jusqu’à se faire poursuivre après avoir retiré un titre à Graciano Rocchigiani à cause d’une simple erreur de typographie. Et la WBO (World Boxing Organization) n’avait pas été en reste, en classant même un boxeur décédé ! Ainsi, à cette époque, l’IBF semblait être un bastion de l’intégrité. Cependant, au fil des ans, cette image a graduellement disparu.

En 2024, force est de constater que l’IBF est redevenue une plaie pour le monde de la boxe, même aux yeux des standards de ce milieu. Son penchant pour transformer des boxeurs indignes en challengers obligatoires et pour dépouiller des champions légitimes de leurs titres affecte gravement le sport.

Ce samedi, Daniel Dubois, défait par KO par Oleksandr Usyk, se présentera au Wembley Stadium pour défendre une ceinture gagnée par Usyk, qui ne l’a jamais perdue. Ce dernier affrontera Anthony Joshua, un boxeur qu’Usyk a battu à deux reprises. Étrangement, l’IBF insistera pour nous dire que Usyk n’est pas le champion incontesté des poids lourds. Cela ne serait que la troisième décision la plus absurde que l’IBF a prise récemment pour nuire à un boxeur de renom.

Pour comprendre l’ampleur de cette ineptie, il faut revenir aux derniers temps où Usyk et Tyson Fury ont organisé un combat très attendu pour unifier toutes les ceintures et couronner un champion incontesté. Néanmoins, l’IBF avait annoncé que le vainqueur devrait défendre son titre contre le gagnant de Dubois et Filip Hrgovic. Cette décision n’aura eu aucun sens d’un point de vue financier pour organiser un rematch entre Usyk et Fury ou pour envisager un face-à-face tant attendu entre Fury et Joshua.

Un mois après avoir remporté le combat décisif de sa carrière, Usyk a donc dû renoncer à un titre qu’il a qualifié de “cadeau” pour le gagnant du combat entre Dubois et Hrgovic, deux boxeurs contre qui il possède un bilan combiné de 3-0. À ce sujet, Usyk a exprimé son mépris, insinuant que ce titre n’était pas important pour lui.

Quant à Canelo Alvarez, le plus grand nom de la boxe, il a aussi été victime des décisions discutables de l’IBF. Bien que je sois contre le fait de dépouiller un champion actif de son titre, je pourrais envisager un cas pour dépouiller Canelo s’il avait évité David Benavidez, le challenger obligatoire. Or, le challenger de Canelo n’était pas Benavidez, mais un boxeur cubain, William Scull, qui reste relativement inconnu et dont le palmarès est loin d’être impressionnant, avec un score de 22-0, dont seulement un combat significatif contre un boxeur ayant perdu depuis.

À l’opposé, Canelo a décidé de combattre un adversaire moins méritant mais plus vendeur, Edgar Berlanga, et il a donc perdu le titre IBF au profit de Scull, qui affrontera Vladimir Shishkin pour ce même titre dans un combat qui ne sera rien d’autre qu’une formalité.

Loin d’être mis à l’écart, Usyk et Alvarez, qui n’ont pas réellement besoin de ces titres secondaires, se trouvent au-dessus de cette controverse. Mais pour Jaron “Boots” Ennis, la situation est différente. Actuellement dans sa carrière, il n’a qu’un seul titre et sera affecté en termes de visibilité et d’opportunité s’il n’a pas de ceinture. L’IBF le contraint à défendre son titre contre Karen Chukhadzhian, un boxeur qu’Ennis a dominé l’année dernière. Cependant, le fait qu’Ennis n’ait pas encore renouvelé un affrontement avec Chukhadzhian met en péril son seul titre.

Les décisions de l’IBF ne se limitent pas à Ennis et aux cas isolés de Scull et Chukhadzhian. Au poids cruiser, le champion lineal Jai Opetaia se voit également contraint d’affronter Huseyin Cinkara, un boxeur de 39 ans qui n’a jamais battu un combattant légitime. Au poids léger, le champion Artur Beterbiev doit faire face à Michael Eifert, un autre boxeur qui n’a qu’une victoire solide à son actif contre Jean Pascal, déjà en fin de carrière.

Les règles de l’IBF semblent ne suivre aucune logique. Récemment, Anthony Cacace, qui a remporté le titre IBF chez les super plumes, est confronté à des complications en organisant son premier combat de défense contre Josh Warrington, qui n’est pas son challenger obligatoire, malgré la programmation d’un combat de 12 rounds. Ainsi, si Warrington gagne, la ceinture devient vacante, même s’il s’agit d’un affrontement prévu.

Il est devenu évident que les organismes tels que l’IBF semblent agir à l’encontre des intérêts des boxeurs et de leurs admirateurs. La situation actuelle exige une nouvelle intervention de l’IBF. À une époque, même lorsqu’il existait des irrégularités flagrantes, l’IBF ne connaissait pas un tel déclin. Ces dernières évolutions mettent en exergue une organisation complètement détournée de ses objectifs.

Il est parfois surréaliste de constater que les autres fédérations, WBC, WBA, et WBO, se retrouvent à paraître presque sous un meilleur jour. À ceux qui dirigent l’IBF, la suggestion est simple : faites ce que vous savez faire le mieux, c’est-à-dire vous retirer de la boxe.

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