Jaron Ennis : Une victoire sans éclat mais des enjeux à la clé

Le boxeur Jaron "Boots" Ennis savait qu’il devait se préparer ardemment pour une situation délicate. Pendant des semaines, il a dû ignorer les soupirs de frustration de nombreux fans, agacés par le fait de devoir assister à un combat dont l’intérêt était discutable. Ennis se préparait à affronter Karen Chukhadzhian lors de leur rematch, un combat que le champion IBF des poids welters avait largement remporté par décision unanime il y a presque deux ans. Le défi pour Ennis était donc clair : il devait non seulement gagner, mais le faire de manière plus convaincante, idéalement par KO.

Le combat s’est déroulé au Wells Fargo Center de Philadelphie, et Ennis a été plus agressif dès le premier round. Il a attaqué avec une détermination qui lui avait manqué lors de leur première rencontre. Chukhadzhian, bien conscient de cette urgence, a réagi en cherchant à renverser la situation, réussissant à imposer des contres. Ce fut un combat à double sens, une dynamique qui a largement amélioré l’affrontement par rapport à leur précédent duel. Chukhadzhian, au lieu de se laisser intimider, a montré plus de courage et de stratégie, notamment en touchant Ennis d’un droit percutant au premier round, déséquilibrant le favori.

Au fil des rounds, la confiance de Chukhadzhian grandissait, notamment lorsqu’il a profité des élans d’Ennis. Au huitième round, ils ont échangé des coups avec vigueur, et au dixième, Chukhadzhian a ciblé Ennis avec une nouvelle droite, une démonstration de son amélioration. Malgré une performance plus disputée que leur première rencontre, Ennis est resté celui qui contrôlait la majorité des échanges et qui était plus actif dans le ring.

Néanmoins, il est indéniable que Chukhadzhian a fait preuve d’une évolution bien plus marquée entre leurs deux combats. Certains observateurs pourraient être tentés de critiquer Ennis pour le manque de clarté dans sa victoire, jugée par beaucoup comme peu enthousiasmante. Le fait est que cette confrontation de rematch n’était pas attendue par le public, une situation qui a sûrement pesé sur la motivation d’Ennis, ce dernier étant conscient que ce combat n’était pas vraiment désiré par les fans.

Il est probable qu’Ennis ait abordé cette défense de titre avec l’intention de finir Chukhadzhian, plutôt que simplement de le battre. Cela peut expliquer son aggressivité à des moments clés, qui a aussi laissé des ouvertures que son adversaire a su exploiter. Pour Ennis, le simple fait de gagner, qu’il considérait comme acquis, n’était pas suffisant. Il devait trouver un moyen de se démarquer, même si cela voulait dire prendre des risques, y compris celui de perdre une partie de son éclat.

Finalement, c’est cet éclat qu’Ennis a compromis plus que sa victoire. L’histoire de la boxe nous enseigne que parfois, une performance décevante peut se révéler cruciale, ouvrant des portes vers des combats plus importants contre des adversaires prestigieux. C’est le cas avec Terence Crawford, un boxeur que l’équipe d’Ennis cible depuis longtemps. Après ce match, Crawford pourrait bien estimer qu’il a suffisamment d’indices pour envisager une future confrontation.

D’autres boxeurs dans la catégorie des poids welters observeront également cette récente victoire d’Ennis avec intérêt, cherchant des failles à exploiter.

En fin de compte, qu’est-ce que la défense si ce n’est une réaction à ce qui vient vers vous ? Les boxeurs prétendent souvent ne pas avoir peur, mais le besoin de ressentir une menace est essentiel pour garantir leur protection dans le ring. Ennis lui-même a déclaré après le combat : « Quand je combats des gars de second niveau, il est parfois difficile de se motiver. Lorsque je me bats contre des top fighters, je vais être bien meilleur. J’ai besoin de ces combats. »

La question de savoir si Terence Crawford est l’adversaire idéal ou un trop gros défi pour Ennis sera débattue, mais une chose est sûre : un combat contre Crawford apporterait à Ennis le défi stimulant dont il a besoin, chose qu’il n’a pas vraiment rencontrée contre Chukhadzhian ou David Avanesyan avant lui. Un tel affrontement vaudrait la peine de chausser de nouvelles bottes.

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