Lorsque Bryant Jennings monte sur le ring ce samedi soir pour affronter Joel Caudle, il ne s’agit pas seulement d’un combat : c’est son retour à l’arène après plus de cinq ans d’absence. Jennings, dont le dernier affrontement remonte à juillet 2019 au London O2 Arena contre Joe Joyce, avait perdu par décision unanime au terme de douze rounds disputés. Depuis lors, il était resté inactif, sombrant dans l’oubli alors que la division poids lourds était réorganisée, notamment avec les investissements massifs d’Arabie Saoudite et les attentes croissantes autour des combats entre Tyson Fury et Oleksandr Usyk.
Au fil des années, la scène a évolué. Fury et Usyk ont enfin combattu après plusieurs reportages, Francis Ngannou a été amplement récompensé en tant que prétendant aux poids lourds, la carrière de Deontay Wilder a connu un tournant décisif, et récemment, Daniel Dubois a été sacré champion IBF. Jennings a suivi tout cela de près ; il affirme toujours avoir battu Joyce en 2019 tout en observant ce dernier réaliser sa plus belle victoire contre Joseph Parker, avant de connaître deux défaites face à Zhilei Zhang. Pendant ce temps, Jared Anderson a émergé comme le nouvel espoir américain des poids lourds, tandis que Martin Bakole a compliqué ses perspectives.
Le contexte est également enrichi par des discours sur des combats de rêve qui semblent accessibles. Jennings a notamment été présent à Londres pour soutenir Derek Chisora dans sa préparation pour un combat, apportant son soutien à un boxeur qu’il n’attendait pas à ce stade de sa carrière, ce qui a permis à Jennings, âgé de 39 ans, de découvrir de nouvelles opportunités pour son retour.
Alors qu’il se prépare à faire son grand retour, Jennings ne prétend pas que ce soit une question d’argent. Pour lui, il n’a jamais envisagé la retraite. Il entend plutôt redéfinir sa carrière petit à petit, visant potentiellement à retrouver le niveau qui lui avait permis d’infliger la première défaite de la carrière de Mike Perez, tout en se confrontant à des figures telles que Wladimir Klitschko et le toujours invaincu Luis Ortiz.
« Mon appréciation de mes capacités physiques, ma compréhension de la scène boxe, et le manque de progression, quant à une véritable nouvelle génération, sont des facteurs significatifs », explique-t-il. « Bien que nous voyions de nouveaux noms, ce sont toujours les Fury, Usyk, [Anthony] Joshua et Chisora qui dominent la catégorie des poids lourds. Je me considère toujours comme faisant partie de cet ensemble. »
Ce retour est aussi marqué par une residualité à son inactivité ; à l’époque où il n’était pas sur le ring, son compatriote philadelphien Jaron « Boots » Ennis a su s’imposer comme l’un des meilleurs welters au monde. Les promoteurs d’Ennis, Matchroom, manifestent leur intérêt à le voir à Philadelphie, ce qui positionne Jennings dans une dynamique intéressante, surtout que son entraîneur, Derek « Bozy » Ennis, est également le père d’Ennis.
« Si je reviens, je gagne plus d’argent, mais ce n’est pas par désespoir. On peut être ambitieux et comprendre ce qui génère vraiment des revenus. Il ne faut pas que ce soit un moment de désespoir », précise-t-il. Bien qu’il ait initialement été question de son implication dans les projets saoudiens, la pandémie a bouleversé ces perspectives.
« Le fait de lutter à Philadelphie est très attrayant. Jaron Ennis et moi avons un lien très proche, et cela a beaucoup de sens », ajoute Jennings, qui attend avec impatience de retrouver l’ambiance de la compétition. Il estime que son prochain combat est davantage une question d’expérience que de résultats : « Ce combat n’est pas celui qui me fera rouiller ; c’est l’occasion de revenir à ce qu’est la boxe pour moi. »
En fin de compte, il se dit prêt pour cette aventure, conscient des risques et des sacrifices qui l’accompagnent. « Cinq ans, c’est long, mais j’ai vu des boxeurs chuter bien plus vite que ça. Il faut prendre soin de soi, de son corps et rester discipliné pour ne pas en pâtir. » Et alors qu’il pense à son rôle auprès de Chisora, cette inspiration lui rappelle l’importance de la passion et du respect dans un sport où chaque étape compte.