Moins de 24 heures avant que Shurretta Metcalf ne pénètre dans le ring du Théâtre de Madison Square Garden pour le combat le plus important de sa carrière, elle se trouve dans sa chambre d’hôtel à New York, tentant de faire de la place dans son estomac après avoir dégusté un repas post-ponsion composé de crevettes, de poulet et de riz.

« Je suis pleine, » avoue-t-elle. « J’essaie de marcher un peu pour pouvoir manger encore. »

Mais malgré cette sensation de satiété, la faim demeure.

Ce mercredi, Metcalf, avec un palmarès de 13 victoires, 4 défaites et 1 match nul (2 KOs), défiera Miyo Yoshida pour le titre IBF des poids coq. Ce combat sera sa première chance pour une ceinture, mais ce n’est pas leur première rencontre face à face. À 39 ans, Metcalf sait que les occasions de disputer un championnat se font rares. 

« Vous savez ce qui est fou ? » demande-t-elle ironiquement. « Je ne savais pas que je pesais 52,7 kg, donc j’ai vraiment atteint un poids inférieur à celui que je visais. Je n’ai pas réellement surentraîné ou quoi que ce soit – je suis simplement naturellement une fille de petite taille. Mais j’ai pris du poids juste parce que je vieillis. »

Le temps presse.

Le parcours de Metcalf a été semé d’embûches, et elle n’est pas du genre à se plaindre. Toujours tournée vers l’avenir, elle est en constante quête de nouvelles opportunités, prête à les saisir et à les transformer en succès.

Originaire d’Oak Cliff, au Texas, une localité progressivement engloutie par Dallas, Metcalf tient à faire la distinction. Elle a grandi dans un environnement modeste. « On n’était pas riches, » confie-t-elle. Cependant, elle estime que, même si elle n’avait pas tout ce qu’elle voulait, elle avait tout ce dont elle avait besoin.

Sa mère, Angela Metcalf, a joué un rôle crucial dans l’éducation de Shurretta et de ses deux frères et sœurs, leur offrant non seulement le matériel, mais aussi les valeurs. La détermination et la ténacité de Shurretta ? Ce sont aussi des traits hérités de sa mère.

« Oh, ma mère est comme la plupart des mamans du quartier, » explique Shurretta. « ‘Hé, tu ferais mieux de te défendre. Si ta sœur se bat, tu dois aussi te battre.’ On doit veiller les uns sur les autres. On ne tolère pas la peur. »

C’est cette base qui a permis à Metcalf de se lancer dans la boxe. Bien qu’elle ait connu quelques bagarres dans son enfance, elle n’avait jamais pensé en faire un métier – jusqu’à ce qu’un ami lui propose de participer à une soirée de combats locaux.

« Ils ont dit, ‘Hé, tu veux te battre ? Tu pourrais gagner de l’argent. ’ Et j’ai répondu, ‘Bien sûr, pourquoi pas ?’ On se bat tout le temps, mais on ne reçoit jamais rien en retour. C’était un moyen de subvenir aux besoins de mes enfants. »

C’est ainsi que Metcalf a commencé à participer à des combats clandestins, apprenant sur le tas tout en soutenant ses fils, Danarius et Daquan, âgés respectivement de 19 et 17 ans. Cela lui a également permis de lancer d’autres entreprises, notamment une boutique et un salon (The Headquarters Deluxe Studios), ainsi qu’un service de barman mobile et de personal training. Tout cela l’a menée à ce moment crucial : à quelques heures de sa soirée au Garden, toujours avide de succès, avec le temps qui presse mais un océan d’opportunités à portée de main.

Le plus ironique, c’est que la ceinture IBF devrait déjà être à elle, selon Metcalf. Après avoir remporté un combat contre Yoshida par décision unanime en novembre dernier, elle a vu Yoshida, désormais 17-4 (0 KOs), obtenir un match pour le titre contre Ebanie Bridges un mois plus tard, et ce, malgré sa défaite précédente.

Depuis un an, Yoshida arbore la ceinture sans jamais la défendre ni manifester un intérêt pour un retour avec Metcalf. Pendant ce temps, cette dernière a continuellement exprimé son désir de revanche, patiemment mais avec une certaine impatience, attendant que le titre soit à sa portée.

Avec un camp d’entraînement de cinq semaines et, selon elle, peu de promotion autour du combat, Metcalf est prête à revendiquer ce qui lui revient de droit.

« Elle disait quelques mots ici et là, » dit Metcalf au sujet de Yoshida, « mais c’était essentiellement, ‘Eh, l’IBF n’a pas ordonné le combat, donc je ne m’inquiète pas pour toi.’ Ou, ‘Je ne prévois pas de me battre contre Metcalf à moins qu’elle n’obtienne la ceinture.’ Et je me dis, ‘Mais tu as ma ceinture.’ »

Metcalf bénéficie d’un large soutien venu d’Oak Cliff, affirmant avoir réalisé sa propre campagne de promotion locale via la radio et les réseaux sociaux, suscitant un intérêt public à Dallas, où elle se rapproche de devenir la première championne locale en boxe féminine. « Ma ville est tellement excitée pour moi en ce moment, » confie-t-elle. « Je reçois tellement d’amour. C’est fou. »

À l’approche de la soirée de combat, Metcalf est rejointe à New York par ses fils, qui sont venus avec Angela. La mère de Shurretta n’a jamais mis les pieds à New York, ni même pris l’avion, à la connaissance de sa fille.

C’est un événement marquant – « Elle ne prend jamais de congé pour le travail, » explique Shurretta à propos de sa mère – et elle savoure cet instant. Avec sa famille à ses côtés, une revanche contre Yoshida sur le point d’avoir lieu, et la ceinture presque à portée de main, Metcalf sait que c’est son heure.

« Je le ressens réellement, oui, même si je ne me sens pas de mon âge et que je n’ai pas l’air, » dit-elle. « Mais on ne sait jamais à cet âge – regardez, tout peut arriver. Pourtant, j’ai définitivement le sentiment d’urgence. Je veux les grands combats. Je veux les combats payants. C’est ce que je veux. »

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