Mike Rodriguez : Un Artiste du Coin de Ring au Service des Champions
Mike Rodriguez, cutman chevronné, a consacré une carrière entière à l’univers impitoyable de la boxe. Ce métier, où chaque seconde et chaque geste peuvent faire basculer le destin d’un combattant, va bien au-delà des simples interventions dans le ring. Pour Rodriguez, ce sont les liens tissés et les leçons apprises tout au long de son parcours qui ont réellement façonné son aventure professionnelle.
Rodriguez a eu l’opportunité de travailler avec des champions de renom tels que Manny Pacquiao, Dmitry Bivol, Errol Spence, et bien d’autres. Aujourd’hui, il est en tête de file des équipes de boxeurs tels que Katie Taylor, Vergil Ortiz Jr, Denys Berinchyk, Erickson Lubin et Eimantas Stanionis. Dans ce milieu, où la pression est à son comble, la connaissance de la psychologie des combattants et la capacité à collaborer au sein d’une équipe sont des atouts inestimables.
Avec une carrière de 37 ans au sein du département du shérif de Los Angeles, dont vingt ans en tant que détective homicide, on peut dire que Rodriguez sait ce que signifie le "business du sang". Ces années lui ont permis de développer une approche réfléchie et une sensibilité particulière, qui sont des qualités essentielles pour naviguer dans le monde souvent brutal de la boxe.
Rodriguez a appris de certains des plus grands entraîneurs, tels que Freddie Roach et Buddy McGirt, qui sont devenus, pour lui, comme une seconde famille. Son histoire a commencé dans un gymnase de boxe à Concord, en Californie, grâce à l’entraîneur Terry Lee. Il compare le travail en équipe dans la boxe à celui d’un pit crew de NASCAR, où chaque membre maîtrise parfaitement son rôle.
“Le gars qui change les pneus ne s’occupe pas du carburant. C’est la meilleure manière de décrire une bonne équipe,” déclare-t-il. “À l’approche de la nuit du combat, le cercle autour du boxeur doit se réduire. Chacun doit connaître son rôle pour offrir au combattant la meilleure chance de victoire.”
Pour Rodriguez, le succès dans la boxe ne se limite pas à de simples résultats. Il repose sur la construction de la confiance, la démonstration de sa valeur, et le fait de devenir un membre indispensable de l’équipe. Ce principe l’a aidé à forger des liens solides, notamment avec Julian Williams, ancien champion unifié, et son entraîneur Stephen Edwards. Rodriguez a rejoint leur équipe lors du quatrième combat professionnel de Williams en décembre 2010 au Chumash Casino, en Californie.
“Nous sommes ensemble depuis 14 ans. Julian et Breadman sont comme ma famille,” confie Rodriguez. “Nos relations ont dépassé le cadre de la boxe et se sont ancrées dans nos vies.”
Edwards se souvient de leur première rencontre avec une certaine nostalgie. “J’ai rencontré Mike Rodriguez grâce à BoxRec. J’ai vu son nom associé à un boxeur de Californie. Je lui ai dit que je voulais faire combattre J-Rock contre un jeune talent à Chumash Casino. Mike a ri en disant que J-Rock allait mettre le jeune hors de combat, mais a mentionné qu’il s’occupait également des coupures. Je l’ai donc engagé, et nous sommes restés ensemble depuis.”
Reconnu pour son expertise, Edwards ne se contente pas de rendre hommage à Rodriguez en tant que cutman. Il voit en lui bien plus. “C’est probablement le meilleur cutman du monde. Mike fait partie de ma famille. Je lui fais confiance non seulement pour faire son travail, mais je sais qu’il sait ce qu’il faut faire sans que j’aie besoin de lui expliquer durant la semaine du combat. C’est un homme formidable.”
Vergil Ortiz Jr, considéré par beaucoup comme l’un des futurs stars de la boxe, a également bénéficier de l’expertise de Rodriguez. “J’ai été engagé comme cutman pour Vergil depuis quatre combats,” explique Rodriguez. “Lors de notre premier combat ensemble, Vergil a été blessé au second round, mais j’ai pu stopper la coupure. Il a par la suite mis son adversaire KO au onzième round. À partir de ce moment-là, ma place dans l’équipe était acquise.”
Rodriguez évoque des liens bâtis sur la confiance et les expériences communes, une philosophie qui s’affine dans les combats. “Quand tu fais la guerre avec quelqu’un dans le ring, ce lien se renforce automatiquement. Il s’agit de faire ses preuves, afin qu’ils sachent que si quelque chose arrive à leur visage, je les aiderai à traverser cela.”
Malgré son statut de premier plan dans le milieu, Rodriguez reste humble, rendant hommage à ses collègues et au respect mutuel qui existe dans ce métier. “Il y a un respect mutuel entre nous. Il y a moins de politique à notre niveau car nous avons fait nos preuves. Trop de gens essaient aujourd’hui de devenir une attraction, mais je dis toujours aux jeunes cutmen : laissez votre travail parler de lui-même.”
Rodriguez témoigne une admiration sans bornes envers des figures comme Jacob “Stitch” Duran et Rudy Hernandez, qui ont tracé la voie pour lui. Pour lui, sa carrière ne se limite pas aux soins des blessures, mais à la création de liens indéfectibles et à la maîtrise des bases du métier. “Le diable se cache dans les détails,” rappelle-t-il souvent.
Cette passion et ce dévouement lui ont valu une reconnaissance et des opportunités, comme celle de travailler avec Katie Taylor. Ils se retrouveront sur le ring en novembre prochain au Texas, ce qui représente un nouveau défi pour Rodriguez.
Les fruits de son travail ne s’arrêtent pas là : il transmet son savoir à son fils Andrew, qui est devenu un cutman respecté à son tour, ayant déjà travaillé avec des professionnels comme Stanionis. Rodriguez a un objectif ambitieux : après avoir collaboré avec 27 champions, il vise désormais à atteindre le nombre impressionnant de 40.
“Je pense qu’un objectif réaliste à ce stade pourrait être 40,” précise Rodriguez. “Parce que les champions du monde ne poussent pas sur des arbres.”