Dans le monde du combat, déchiffrer les pensées de Tyson Fury est aussi complexe que de se mesurer sur le ring : une entreprise périlleuse. La surprise a donc été de taille lorsque le champion poids lourd WBC britannique est apparu cette semaine en Arabie Saoudite, à l’aube des festivités du combat, visiblement plus affûté que jamais, laissant les analystes du combat perplexes.
Cette nouvelle silhouette de Fury soulève des interrogations : assiste-t-on à une dévotion renouvelée à l’entraînement après une performance jugée médiocre contre l’ancien champion de l’UFC, Francis Ngannou, malgré une victoire arrachée de justesse? Ou cherche-t-il à rivaliser avec la condition physique du champion aux trois ceintures, Oleksandr Usyk, surnommé “le lapin” par Fury lui-même, en vue de leur affrontement pour le titre incontesté ce samedi à Riyad ? Peut-être n’est-ce qu’une stratégie psychologique de plus à son actif.
Chris Algieri, analyste pour ProBox TV, rappelle dans l’épisode de “Deep Waters” de mercredi une phrase de Fury d’il y a quelques années : « Reste gros, tu es meilleur lorsque tu es plus imposant ». Celui-ci avait effectivement utilisé son poids de 125,6 kg (277 livres) lors de son second combat contre Deontay Wilder, ancien champion poids lourd, le maîtrisant dans le ring. Bien qu’il restera plus lourd qu’Usyk d’environ 23 kg (50 livres), Algieri se dit curieux de connaître le poids de Fury à la pesée.
Selon le panel “Deep Waters”, chaque combat est unique, et il semblerait que Fury (34-0-1, 24 KO) adapte sa stratégie pour Usyk (21-0, 14 KO) afin de correspondre à la condition physique de l’Ukrainien tout en exploitant ses propres avantages en termes de taille, d’allonge et de poids lorsque la situation le demande.
Algieri théorise que Fury « essayera d’être agile au commencement, puis s’appuiera sur sa puissance avant de finir en force ». Cette gestion stratégique du poids est intentionnelle : l’objectif est de boxer intelligemment au début, d’intensifier la pression au milieu et de terminer en puissance.
Usyk, âgé de 37 ans, a également impressionné en répétant sa victoire contre l’ancien champion poids lourd Anthony Joshua en 2022 par décision partagée.
Algieri souligne que, avant l’affrontement avec Ngannou, il n’y avait jamais eu de moment où la résistance de Fury avait été mise en doute. Timothy Bradley, ancien champion dans deux divisions, rappelle le précédent de Riddick Bowe pour signaler le risque associé à une réduction significative de poids avant un grand combat pour un boxeur d’âge avancé – Fury a 35 ans et a été renversé cinq fois lors de combats depuis 2018.
Le panel prévoit que Fury se situerait dans les alentours de 117,9 kg (260 livres). Bien qu’il conserve sa puissance, sa vitesse et sa capacité à se déplacer, les épreuves traversées au cours de sa carrière, y compris les descentes et les combats contre des troubles de santé mentale, pourraient jouer un rôle.
Bradley met en lumière la discipline et la préparation d’Usyk pour ce moment toute sa vie, affirmant qu’il donnera tout ce qu’il a. Cependant, Fury possède de nombreux avantages sur Usyk, très concentré.
Bradley affirme : « Si on compare le meilleur Tyson Fury au meilleur Usyk ? Tyson Fury a plus de compétences. Il peut passer en gaucher, boxer en reculant, il a sept pouces d’allonge de plus, il a une bonne puissance de frappe, lance de belles combinaisons, a un meilleur timing, et il est plus grand et plus long. Il a plus d’outils. »
Usyk est un combattant techniquement remarquable, obéissant à une stratégie précise. Toutefois, Bradley se risque à dire : « Si vous me demandez qui a le plus de chances de gagner ? Je dirais Tyson Fury. »
Alors que les critiques et les tactiques s’affrontent, ce combat promet d’être un affrontement pour les âges, où chaque détail, du poids aux stratégies en passant par la préparation mentale, pourrait faire basculer la balance.