La progression de la boxe féminine telle que nous la connaissons aujourd’hui coïncide avec le tumulte d’une pandémie mondiale et tout l’incertitude qui en a découlé. Ce n’est pas tant pour des raisons d’égalité ou d’appréciation nouvelle que la boxe féminine a été mise en avant, mais plutôt pour des considérations financières. Les hommes du milieu, en quête de réassurance et de confort, semblaient douter de leur pertinence. Comme le disait Jane Couch dans une interview en 2022, “C’est peu coûteux [la boxe féminine], et c’est tout. C’est aussi plus excitant, car on peut créer des combats compétitifs à moindre coût.”

Couch, pionnière de la boxe féminine, continuait : “Au niveau le plus bas, c’est un retour aux années 90 pour les filles qui commencent. Il faut soit un gros promoteur, soit un grand sponsor pour que ça fonctionne.” Elle faisait écho à une problématique bien plus large : “Je connais des hommes qui ne peuvent pas se payer leurs examens médicaux, donc ils ne peuvent pas se battre. Le problème, comme toujours, est la boxe en général.” Ce témoignage a marqué les esprits, surtout dans un contexte où des acteurs privilégiés du secteur semblent parfois voir la boxe féminine comme un simple palliatif à une crise approfondie.

Après la pandémie, l’argent a recommencé à couler, en grande partie grâce à la générosité évoquée des fonds saoudiens. On vante désormais des événements qui, par le passé, auraient semblé inaccessibles. Mais cela soulève une question cruciale : où s’inscrit la boxe féminine dans cette nouvelle ère ? Est-ce qu’elle profitera de cette manne financière tout en accélérant la quête d’égalité ou, au contraire, va-t-elle être éclipsée ? Les promoteurs, libérés des dernières réticences financières, seront-ils toujours aussi désireux de soutenir la boxe féminine qu’ils le promettaient jadis ?

Il est peu probable que les événements en Arabie Saoudite soient surchargés de talents féminins dans un avenir proche. Bien qu’il y ait des signes d’une éventuelle évolution, les principaux bénéficiaires de cette aubaine sont, sans surprise, les hommes du sport. Les boxeurs en vue bénéficient de revenus qu’ils n’auraient osé imaginer à leurs débuts. Les femmes, quant à elles, poursuivent leur quête de reconnaissance, se battant avec acharnement pour des opportunités.

Un récent événement organisé par la magazine Ring, financé par Alalshikh, a attiré l’attention pour son manque de diversité féminine, une situation qui a suscité des réflexions sur le rôle et la place des femmes dans le sport. De nombreuses boxeuses ont partagé leurs frustrations sur les réseaux sociaux, exprimant le désir de davantage de visibilité et d’opportunités.

Néanmoins, le 7 mars prochain à Londres, le Royal Albert Hall accueillera un événement all-femmes qui mettra en vedette le combat tant attendu entre Natasha Jonas et Lauren Price. Ce spectacle est prévu comme une répétition de l’événement historique qui s’est tenu en 2022, où Claressa Shields et Savannah Marshall avaient fait sensation. Deux ans après, la question demeure : fêtons-nous un événement ou assistons-nous vraiment à l’émergence d’un intérêt durable pour la boxe féminine ?

Joe Gallagher, entraîneur de Natasha Jonas, a déclaré : “Lorsque Jane Couch boxait, nous avions Christy Martin et Laila Ali, et la boxe féminine a connu un certain essor, mais cela a disparu un moment. Maintenant, nous avons cette nouvelle ère d’or.” Les dernières annonces de combats emblématiques, comme ceux de Jonas contre Mikaela Mayer et Katie Taylor contre Amanda Serrano, témoignent de cette dynamique actuelle. Cependant, la montée d’une nouvelle génération, comme Caroline Dubois ou Sandy Ryan, pourrait jouer un rôle décisif dans l’avenir de la discipline.

La boxe féminine fait désormais face à des défis contemporains. Seniesa Estrada, ancienne championne, a récemment annoncé sa retraite à 32 ans, mettant en avant des problèmes de santé mentale liés à la pression du milieu. “Ce n’est pas une décision que j’ai prise à la légère,” a-t-elle partagé. “Maintenant que je suis enfin à la retraite, je me sens en paix et heureux.”

Au Royaume-Uni, le paysage de la boxe féminine est encore propulsé par des promotions comme celle de Ben Shalom, qui mise sur la croissance des talents féminins. Il souligne que le premier événement féminin qu’ils ont organisé “est devenu le plus regardé dans l’histoire de Sky Sports”. C’est un indicateur de l’impact de la boxe féminine et de la direction que prend le sport.

En somme, bien que les événements du 7 mars et ceux qui l’ont précédé soient des jalons historiques, la véritable question pour la boxe féminine est de s’assurer qu’elle soit davantage que de simples souvenirs et que sa valeur dépasse le cadre financier, afin que les enseignements de pionnières comme Jane Couch résonnent plus que jamais.

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