Samedi 18 Mai
Pour ceux qui s’interrogent sur l’évolution de l’expérience des fans lors des soirées de combat en Arabie Saoudite, la scène était révélatrice. En arrivant au lointain Kingdom Arena pour le combat entre Tyson Fury et Oleksandr Usyk, des fans ont vu leurs drapeaux confisqués, même s’il s’agissait de drapeaux dédiés à Usyk et non à l’Ukraine. Par ailleurs, si l’évolution – ou son absence – du narcissisme de John Fury suscite votre curiosité, il était encore une fois au centre de l’attention à l’arrivée de son fils à l’arène et plus tard lorsqu’il a fait son entrée sur le ring.
Avant cela, les rivaux britanniques des poids lourds Frazer Clarke et Fabio Wardley se sont retrouvés au bord du ring pour la première fois depuis leur combat brutal pour le titre britannique et du Commonwealth le dimanche de Pâques. Selon les rapports, ils ont exprimé mutuellement leur désir de se retrouver pour un nouvel affrontement.
Cependant, tout cela n’a guère amélioré l’ambiance peu remarquable, parfois proche de celle d’une morgue, bien loin de celle bouillante de l’O2 Arena lors du combat Wardley-Clarke. Joe Cordina et Anthony Cacace ont livré un combat qui aurait été sublimé par la passion du public britannique – Cordina semblait avoir eu du mal à atteindre les 59 kg – mais ce duel fut largement ignoré par la majorité des spectateurs présents.
Malgré tout, une tension palpable émanait enfin parmi les 22 000 spectateurs présents, quelques instants avant l’entrée sur le ring des combattants principaux. Ce qui s’est ensuite déroulé fut un combat de la plus haute qualité, à la fois dramatique et captivant – dans la pure tradition des poids lourds – qui aurait momentanément fait oublier jusqu’aux observateurs les plus cyniques l’endroit où il se déroulait.
Pendant les difficiles premiers rounds pour Usyk, BoxingScene a observé qu’un des micros de diffusion était furieusement écarté du coin ukrainien. À plusieurs reprises, des publicités étaient diffusées sur les grands écrans entre les rounds au lieu des moments forts du combat. Des publicités, rien de moins, pour promouvoir le combat entre Fury et Usyk – alors que les personnes présentes étaient probablement les dernières au monde à avoir besoin d’un rappel.
Il était peu après 2 heures du matin à Riyad lorsqu’Usyk a laissé Fury lutter pour sa survie dans ce dramatique neuvième round, potentiellement décisif pour sa carrière, mais l’heure était devenue secondaire. Ce à quoi nous assistions – comme Colin Hart, un journaliste retraité présent lors de combats légendaires tels que le Fight of the Century et le Thrilla in Manila, ou encore le précédent combat pour le titre incontesté entre Lennox Lewis et Evander Holyfield, pouvait en témoigner – était un combat remarquablement propre et captivant, rendant indispensable une revanche, que l’on espère voir se concrétiser d’ici la fin de l’année 2024.